Sélectionner une page

« Casse toi sale bougnoule » : agression raciste à Arles sur le parking d’Action

« Casse toi sale bougnoule » : agression raciste à Arles sur le parking d’Action

Ce vendredi 28 juin, un parking de la zone commerciale Fourchon a été la scène du racisme ordinaire décomplexé. La victime a porté plainte et s’inquiète de la disparition de la fraternité dans le pays. Elle craint que ce ne soit que le début d’une banalisation du racisme, encouragé par la montée de l’extrême droite. Par hasard, un journaliste de l’Arlésienne se trouvait sur les lieux et a été témoin de la scène.

Ce vendredi 28 juin, il est 10h28 sur le parking de l’enseigne Action dans la zone Fourchon à Arles. Un lieu où se mélangent toutes les couleurs de la société française. « Sale bougnoule, sale arabe, rentre dans ton pays », crie un homme de la cinquantaine à l’adresse d’une de ses concitoyennes alors qu’il et elle manœuvrent pour trouver une place. A-t-il un problème avec le fait qu’elle porte le voile ? « Au départ je ne pensais pas qu’il s’adressait à moi »,  hallucine encore Loubna, 30 ans.

L’homme une fois garé va faire ses courses à Action. Loubna, elle aussi débarrassée de son véhicule l’attend sur place. À la sortie du magasin, l’homme rentre dans sa voiture au pas de course et confirme ses propos sous les cris de Loubna. Les cris attirent l’attention des passants. L’homme part alors que des témoins notent la plaque d’immatriculation. À l’issue de l’altercation, sur le parking d’Action, entre la boucherie Cap Fourchon et Décor discount, un groupe se forme  pour commenter la scène.Tous conseillent à Loubna d’aller porter plainte, pour ne pas laisser passer ça. C’est ce que fera Loubna le lendemain. « À la police, ils ont été gentils. Mais ils m’ont dit : ‘’ce qu’il se passe dans ces cas-là, on les convoque, on leur tape sur les doigts et ça s’arrête là’’ », regrette Loubna. « Mais rien que de recevoir une convocation, j’espère que ça le fera réfléchir », espère-t-elle. Loubna et les témoins ont des vidéos de la scène, mais ne souhaite surtout pas afficher son agresseur. “Je ne suis pas comme ça, je ne lui souhaite aucun mal, mais je ne veux pas me laisser faire”. 

Une inquiétude partagée à l’échelle nationale. Depuis l’annonce des résultats des élections européennes donnant le rassemblement national en tête, des agressions racistes, verbales ou physiques, se multiplient. Le 22 juin, à Mudaison dans l’Hérault, trois agressions ont eu lieu lors d’une fête de village. Un jeune de 16 ans, originaire de Lunel, a été roué de coups. Un autre de 19 ans a été insulté de “sale arabe”, jeté dans un canal et frappé alors qu’on lui maintenait la tête sous l’eau. Un troisième, un pompier en civil, était également agressé car il n’était “pas du village”, comme le rapportent nos confrères de Midi Libre. Dans la nuit du 25 au 26 juin, une boulangerie à Avignon a été ciblée par un incendie criminel et taguée d’insultes racistes. Dans l’Ain, le 25 juin, un homme a été roué de coups et insulté de “sale bougnoule”. Ses agresseurs ont été condamnés à quatre ans de prison. Le 1er juillet, dans un village des Cévennes gardoises, un homme armé a déambulé durant plusieurs heures dans les rues, tirant des coups de feu associés à des injures racistes. Les sinistres exemples ne manquent pas. Y compris parmi les candidats RN à la députation.

Sur le parking d’Action, l’inquiétude face à cette montée du racisme est partagée par le groupe qui s’est formé autour de Loubna.  « Depuis trois semaines, depuis les européennes, c’est la troisième fois que ça m’arrive », témoigne-t-elle. « Ce n’est que le début » craint un jeune père de famille. « Ils se sentent libérés, soutenus », commente un citoyen plus ancien.  Loubna n’attend pas grand chose de son dépôt de plainte : “Je veux juste que ça n’arrive plus à aucune personne, ni à un noir, ni à un homosexuel, je proscris toute forme de discrimination, pas seulement celle contre les musulmans ». 

Eric Besatti

L'Arlésienne : gazette – gazette – anisette

Nos ventes sont une belle part de notre chiffre d’affaires, mais ça ne suffit pas. Sans financement des collectivités territoriales, sans publicité, l’Arlésienne a besoin de vous. Pour l’existence du journal : les dons sont essentiels. Et pour avoir de la visibilité et prévoir nos enquêtes en fonction des moyens disponibles, le don mensuel, fidèle et ancré, reste la panacée de l’Hauture, la quintessence de la Camargue, le cœur de l’artichaut.