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Un dimanche à la culture sauce candidate

Un dimanche à la culture sauce candidate

A l’initiative et organisé par l’association La presse ça presse et co-animé par l’Arlésienne, les candidats étaient tous invités à répondre à la question : Arles, quels projets pour la culture ? Et ça se passait le dimanche 8 mars à l’hôtel Jules César. Coronavirus oblige, les gens se saluent parfois de loin, Monica Michel, madame la députée, check avec le poing. Une petite centaine de personne était présente.

Le format de la rencontre ? Cinq minutes pour présenter les constats et les projets de chaque candidat. Puis un temps d’échange avec les questions du public.

Les absents

Si toutes les têtes de liste avaient répondu positivement à l’invitation de Marc Jacquin de La presse ça presse, au moment de faire les comptes, il manquait trois listes pour des raisons différentes.

Patrick de Carolis a fait répondre qu’il ne souhaitait plus se retrouver en présence des candidats, et ce, depuis les affiches apparues dans la ville jeudi 5 mars au petit matin faisant écho à sa condamnation pour favoritisme : « Patrick de Balkanis », « Patrick rend l’argent », « Patrick de Casserolis ». Le candidat s’est d’ailleurs fendu d’une sortie dans La Provence disant qu’il ne savait pas d’où venait le coup, mais qu’il « jugerai les uns et les autres (candidats) par leurs réactions ». Pour l’anecdote, en ce dimanche matin, Patrick de Carolis a été aperçu à la sortie de la messe avec les fidèles de Saint-Trophime.

Christophe Chaine, tête de liste d’Arles en commun (soutenu par la France insoumise et le NPA), n’a « pas reçu de texto ni de mail dans la semaine » après avoir discuté avec Marc Jacquin sur le marché une semaine auparavant. « On ne savait pas ni quand ni où cela la table ronde se passait, j’étais en colère ». La veille, lorsqu’il a eu l’organisateur au téléphone, il n’a pas pu se libérer de ses engagements auprès du club de poker dont il est président pour l’organisation du tournoi à Mas-Thibert où il en a profité pour tracter sur le marché. Par téléphone, il précise : « Nous, on était pour une culture populaire ». Son approche aurait été intéressante, surtout qu’il est le seul à remettre en question le rôle de la fondation Luma sur la ville frontalement dans son programme.

Nicolas Koukas répond de son absence par un problème d’agenda. Il a préféré honorer un rendez-vous à Salin-de-Giraud avec des agriculteurs. Françoise Pams, sa colistière qui serait chargée des questions culturelles en cas de victoire, était présente en auditrice. Elle n’a pas souhaité prendre la parole lorsqu’elle y a été invité. « C’était pas prévu que je prenne la parole, ce devait être réservé aux têtes de liste, je n’ai pas prévu de prendre la parole donc je ne vais pas prendre la parole. » Virginie Maris colistière de Changeons d’avenir, accompagnait Cyril Girard à la tribune, donc La presse ça presse avait donc permis à des colistiers de s’exprimer, même si ce n’était pas la règle de départ. Au moment du tour de parole de Koukas, Marc Jacquin insiste néanmoins auprès de Françoise Pams : « Nous sommes confiant dans votre capacité d’improviser », faisant écho à son parcours : conseillère culturelle auprès du maire de Montpellier, elle est passée par le Centre national du cinéma, le centre Pompidou, le ministère de la Culture ou encore par Medef où elle a été directrice de communication avant d’occuper le même poste à la Réunion des musées nationaux. Bref, un parcours qui lui aurait permis, selon l’organisateur, d’improviser cinq minutes sur le programme du candidat du Parti des Arlésiens.

Les présents

Les candidats présents sont intervenus par ordre alphabétique. Nous vous invitons à revoir leurs interventions mais résumons quelques uns de leurs thématiques ici.

Guy Dubost, pour Lutte ouvrière, faire entendre le camp des travailleurs, a axé son intervention sur la nécessité « non pas d’une élection municipale, mais d’une révolution » et également sur l’idée de revoir la place de la culture. « Quand j’étais ouvrier aux CMP (Constructions métalliques et préfabrication, ndlr) , j’allais voir les Rencontres, les Suds, mais j’étais bien le seul. Parce que la quantité de fatigue que nous accumulions avec le peu d’heures de loisirs que nous avions, il était difficile de les répartir entre nos préoccupations, nos vies de famille. »

David Grzyb pour la liste Des avenirs à partager, souligne l’importance de l’économie culturelle pour le territoire et la nécessité d’un projet commun entre les acteurs privés et la force publique. Il cite notamment le conservatoire de musique, la médiathèque « à qui il faut redonner un second souffle, qui a besoin d’avoir des équipements suffisants, des moyens humains, matériel ». La culture pour qui ? Il propose la mise en place d’un élu dédié aux public. Il prend ensuite en exemple la Sempa, le bailleur social dont il est le président à Griffeuille, pour montrer ce qu’il est possible de faire dans les quartiers prioritaires : galerie à ciel ouvert, l’Isba, Voies Off… Avant de se faire couper par le gong en train d’évoquer des assises de la culture.

Stéphane Hédouin, tête de liste d’Arles citoyenne, parle de la culture comme l’essence de la ville d’Arles, du manque d’accès à tous par des freins symboliques comme l’élitisme qui donne un sentiment d’exclusion. « Je pense qu’on a manqué le virage de la culture pour tous ces 20 dernières années ». Sur la complémentarité des acteurs privés et publics, il souhaite que la collectivité accompagne, promeuve et facilite les investissements de l’ensemble des acteurs de la culture. Il propose des espaces pour des artistes et notamment une salle de concert qui pourrait être un studio d’enregistrement.

Cyril Juglaret pour Arles ensemble, la liste de droite investie notamment par Les Républicains, vient expliquer qu’il faudrait que l’appareil municipal « puisse être suffisamment organisé pour accompagner cette culture ». Comme ce qu’on pourrait attendre naïvement d’un homme de gauche, Cyril Juglaret parle de « resserrer les liens entre les Arlésiens grâce à cette culture ». Pour la médiathèque, « ce qui est déterminant, c’est qu’il manque du métier, il manque de la compétence et donc il faudra remettre de la compétence, pareil au musée Réattu. Demain il faudra se donner les moyens de renforcer ces outils et de faire. Recruter en interne (à la mairie) des bibliothécaires ou de conservateurs, c’est très compliqué. » Le candidat de la droite parle aussi de l’école comme socle culturel à tous les Arlésiens notamment avec le « cahier ressource », l’outil qui rassemble les propositions des acteurs culturels à destination des établissements scolaires de la ville. « Il ne faut pas détricoter ce qui marche », assure-t-il, comme il rassurera l’auditoire dans le temps d’échange avec la salle sur la non-délégation des musées et des équipements publics à des entreprises privées dans le cadre d’une délégation de service public.

Jean-Louis Limonta, du Rassemblement arlésien, candidat investi par le Rassemblement national a tout de suite dit qu’il n’était pas compétent sur le domaine culturel et qu’il s’appuierait sur des « personnes compétentes ». Il parle de la création d’une école de musique sur Arles et quelqu’un lui souffle qu’elle existe déjà. Il devait certainement parler d’un nouveau bâtiment. Il précise pour le patrimoine historique qu’Arles « est une ville celte au départ, mais qui aujourd’hui est une ville romaine ». Il enchaîne avec son sentiment selon lequel « Les Rencontres de la photo, il serait raisonnable de la coupler avec de la musique, ça pourrait peut-être apporter un plus ». Un plus comme le festival de musique Les Suds la semaine suivante ou faire des projections en musique comme lors des soirées au théâtre antique ou pendant la Nuit de l’année ? L’auditoire bruisse. Jean-Louis Limonta n’ira pas au bout de ses cinq minutes. Il sera applaudi par la salle comme tous les autres candidats présents. De bonne foi mais pas à l’aise dans l’exercice, il partira avant le temps d’échange avec la salle.

Cyril Girard et Virgine Maris ont eu le droit de venir à deux pour Changeons d’avenir. Mais au départ, Cyril Girard ne prend pas place, trop occupé à gérer un problème personnel. Virgine Maris remercie Marc Jacquin d’avoir pu venir à deux, « parce que c’est comme ça qu’on a été désigné par le collectif », avant de citer les noms de la commission culture de Changeons d’avenir. Virgine Maris évoque le cas de la médiathèque et du musée Réattu qui « n’ont plus les moyens d’assurer leurs missions ». Elle attaque la droite au pouvoir à la Région et au Département depuis 2015 qui, par la baisse des subventions aux associations culturelles, a mis des structures dans des « situations de grand péril ».

Monica Michel, députée d’Arles et candidate pour la liste Aimer Arles, annonce que son programme pour la culture est basé par la déterminant de la ville et notamment son fleuve. Elle en profite pour souligner que Luc Long, l’archéologue qui a découvert le buste de César, est son colistier. « Notre équipe a souhaité fonder son projet sur l’existant et mettre en valeur ce qui aujourd’hui est oublié. » Elle propose d’ouvrir les Cryptoportiques dans le cadre d’événements autour des carnets de voyage. Pour les grands projets, elle souhaite « le retour de la halle Lustucru, qui puisse être le lieu de rencontres et d’échanges au sein du quartier des Minimes que nous appellerons l’espace Arelate ». Elle a un mot aussi pour la médiathèque et la réouverture des annexes à Barriol, au Trébon, à Griffeuille « et aussi dans les villages ». Elle identifie des marges de manœuvres pour l’augmentation des aides aux associations par la Ville et souhaite aller chercher des fonds européens pour le domaine culturel.

Les échanges avec la salle

S’en est suivi quarante minutes d’échanges qui ont tourné autour du manque de moyens de la marie, sur la médiathèque, les locaux dédiées aux associations, sur le casino etc…

Première question : le manque de moyens donnés par l’Etat pour assurer une politique culturelle municipale, ce qui a permis aux candidats présents de préciser les compétences de la Ville et de donner leur vision globale du rôle de l’action municipale culturelle. Stéphane Hédouin  – Arles citoyenne (49’50), Guy Dubost – Lutte ouvrière faire entendre le camps des travailleurs (51’58), Cyril Girard – Changeons d’avenir (54’03), Monica Michel – Aimer Arles (55’24), David Grzyb – Des avenirs à partager (56’20),

La question des lieux pour les petites associations culturelles. Cyril Juglaret – Arles ensemble (59’56), David Grzyb – Des avenirs à partager (1’02’10), Virginie Maris – Changeons d’avenir (1’04’36), Monica Michel – Aimer Arles (1’06’39).

La question des partenaires privés dans l’usage des lieux municipaux. Cyril Juglaret – Arles ensemble (1’08’33), Guy Dubost – Lutte ouvrière faire entendre la voix des travailleurs (1’10’40).

La question sur le futur des Papeteries Etienne à Trinquetaille. Davi Grzyb – Des avenirs à partager (1’13’14), Guy Dubost – Lutte ouvrière faire entendre la voix des travailleurs (1’16’57), Cyril Girard – Changeons d’avenir (1’17’20).

La question de la répartition des subventions aux associations culturelles. Stéphane Hédouin – Arles citoyenne (1’20’04), Davi Grzyb – Des avenirs à partager (1’22’48), Virginie Maris – Changeons d’avenir (1’24’13), Monica Michel – Aimer Arles (1’26’27).

La question de l’homophobie dans la ville. David Grzyb – Des avenirs à partager (1’28’06), Cyril Girard – Changeons d’avenir (1’29’06), Monica Michel – Aimer Arles (1’29’36).

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l’Arlésienne n°18 – hiver 2024