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L’Avanza en débat

L’Avanza en débat

Le 27 mars, le journaliste Hugo Clément partageait sur les réseaux sociaux une dérogation accordée le 19 mars par le ministère de l’agriculture à l’utilisation de l’Avanza. Cet herbicide est normalement interdit car « très toxique pour les organismes aquatiques ». Son principe actif est une nouvelle substance, le benzobicyclon, également interdite au niveau européen. Le 30 mars, Christelle Aillet, la maire des Sainte-Marie-de-la-Mer, publiait un communiqué dans lequel elle partageait son « effarement ». Elle dénonce la mise en danger « des milieux naturels » et de « la population saintoise à travers la distribution de l’eau potable dont le captage se situe dans le Petit Rhône ». Enfin, elle « se réserve le droit d’attaquer en référé suspension cette décision devant la justice administrative ». La demande de dérogation émane du Syndicat national des riziculteurs et filière. Son président, Bertrand Mazel, répondait quelques jours plus tard dans La Provence, en arguant que le produit en question avait déjà eu droit à une dérogation les trois années précédentes et qu’il « [fallait] se calmer ».
Si cette bataille très visible autour de l’usage d’une molécule précise a mis le sujet sur la scène médiatique nationale, la question des pesticides en Camargue est en réalité au coeur d’un bras de fer de longue haleine, révélateur de la complexité géopolitique d’une région où agriculture et protection de l’environnement peuvent être aussi complémentaires que conflictuelles. Le système d’irrigation des rizières est de telle nature que leurs eaux se déversent dans l’étang du Vaccarès. « Durant certaines périodes, les analyses révèlent la présence de molécules très toxiques et notamment de quantités anormales de résidus d’herbicides dans les canaux qui débouchent sur le Vaccarès » explique Yves Chérain, ancien chargé de mission scientifique à la Réserve nationale de Camargue, désormais à la retraite.
Les eaux se déversent également dans le Petit Rhône, source de l’alimentation en eau potable pour les habitants des Saintes-Marie-de-la-Mer. Lorsque le niveau du fleuve est bas, la proportion issue des rizicultures augmente, et avec elles les concentrations en pesticides. France nature environnement (FNE) a prévu de déposer un référé au niveau national contre la dérogation accordée à l’usage de l’Avanza.

Clémentine Morot-Sir

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