Compte rendu sportif du conseil municipal du 28 janvier 2021
« On a pu entendre et lire beaucoup de choses »
Les conseils municipaux, c’est parfois très théâtral, même trop, mais le plus souvent lent et rébarbatif. Toujours est-il que les séances restent le meilleur endroit pour obtenir des réponses, des informations ou quelques indices sur la conduite de la chose publique. Y’en a même qui disent que c’est mieux que le cinéma. Certains collectionnent bien des timbres.
17h08 – Top à la vachette. « Mme Blaguerie, on vous attend ? » questionne Patrick de Carolis micro allumé pour signifier aux derniers debout qu’il est temps. Pourtant, le conseil démarre avec seulement 8 minutes de retard, c’est en dessous des normales de mandature. L’élue à la transition écologique se presse pour s’asseoir. Le benjamin de l’assemblée, Sophian Norroy, peut commencer l’appel.
17h09 – Pendant l’appel, Emmanuel Lescot, l’élu aux territoires de Camargue et à la tauromachie, entre dans la salle en toute détente, faisant claquer ses bottines sur le parquet de la salle des fêtes.
17h13 – Les dépenses engagées en novembre dernier. Après l’adoption des procès-verbaux, c’est au tour du point deux : le compte rendu de gestion, c’est-à-dire les décisions du maire qui ont engagé des dépenses ou le patrimoine de la collectivité entre le 30 octobre et le 30 novembre 2020.
Conseil municipal jeudi 28 janvier 2021 from Ville d’Arles on Vimeo.
un nouveau bail pour pop ? Nicolas Koukas, le chef de file de l’opposition, prend la parole et questionne l’engagement d’un avocat pour la « consultation juridique concernant la mise à disposition » de la friche Grignard-Mistral, l’ancienne usine de câbles électriques située entre le stade fournier et le KFC. Le lieu est aujourd’hui occupé par l’entreprise Pop, pour ‘‘Plateforme ouverte au public’’ : des entreprises autour de la mobilité douce ou recyclage, des ateliers à la location pour des artisans, une cuisine à mutualiser. Dans nos petites ‘‘Notes pour le conseil municipal’’, publiée sur larlesienne.info quelques jours avant le conseil, nous soulevions l’enjeu de la fin de la convention.
17h14 – « une certaine presse mal informée » « Contrairement à ce que dit une certaine presse, mal informée ou euh, autre chose, je sais pas », entame Patrick de Carolis, « la convention d’occupation est toujours en cours ». Effectivement, nous avions maladroitement écrit : « Le contrat d’occupation est arrivé à échéance ». On s’est trompés, Patrick corrige : le contrat « arrivera à échéance en avril 2021 ». En revanche, l’enjeu reste le même : la mairie va-t-elle prolonger le bail ? Si oui, à quelles conditions ? Le maire ne tranchera pas ce soir. Il se contente de lire ses notes et indique que la SAS Pop a déjà réalisé 112 000 € d’investissements pour retaper les bâtiments et l’on apprend qu’elle envisage 400 000 € de travaux en 2021. Sur le fond le maire ne souhaite pas se prononcer. « Nous attendons ces éléments juridiques pour savoir s’ils sont dans les clous et quels clous ? » Reste à savoir qui sera l’enclume et d’où viendra le marteau. « Après nous prendrons une décision », pour savoir si oui ou non, le projet restera sur place.
17h16 – contrats pec et arbitraire dans les ressources humaines ? « C’est la première fois que la Ville d’Arles fait appel à un huissier de justice dans l’histoire de ces 30 dernières années », se désole d’un air pénétré Nicolas Koukas. Il commente là une facture ainsi que la désignation d’un avocat dans le cadre du « non renouvellement d’un contrat Pec ». Il s’agit du cas de Karim Idrissi, dont nous avons raconté l’histoire sur notre site internet le 25 novembre dernier. Pour clarifier les raisons de la non reconduction de son contrat, Karim n’a jamais eu l’occasion de s’asseoir, posé, face à un élu pour expliquer sa trajectoire complexe. Pendant son contrat il s’est lévé contre du harcèlement au travail et a fait appel à un syndicat. Il ne comprend pas pourquoi il n’a pas été reconduit. Patrick de Carolis devant un parterre d’agents municipaux le 7 septembre 2020, aux ateliers communaux de la rue Camille Pelletan avait décléré. « Tous les contrats Pec seront reconduits si leurs évaluations sont bonnes et leur casier judiciaire vierge ». Ce qui est pourtant le cas.
17h17 – « tout à fait normal » selon la mairie « Par rapport à ce dossier, on a pu entendre et lire beaucoup de choses », entame le premier adjoint Jean-Michel Jalabert, avant de revenir sur l’historique d’un dossier et le cas de cet agent « qui a été traité de manière tout à fait normale », selon lui. Effectivement, à la fin d’un contrat à durée déterminée, l’employeur n’a pas obligation de justifier une non-reconduction. Le premier adjoint donne force détails des échanges qu’il a eu avec l’agent en question. Karim Idrissi a été tenu informé « dans les temps, contrairement à ce qu’on a pu entendre et lire », ponctue le premier adjoint faisant écho à l’article ‘‘Un agent municipal remercié sans explication’’ de La Provence du 11 décembre 2020. L’article affirmait que Karim Idrissi avait appris le 18 novembre sa non reconduction, soit le lendemain de la fin de son contrat. Le premier adjoint reprend tout l’historique et précise qu’« un courrier recommandé est parti de la mairie le 13 novembre ». Soit le vendredi pour un arrêt de contrat le mardi suivant. C’est d’ailleurs ce même courrier qui a nécessité la désignation d’un huissier à 574,32 € TTC du cabinet Tarakdjian pour assurer une transmission en mains propres à Karim Idrissi quand, en guise de protestation, il ne voulait pas partir de son lieu de travail le 27 novembre.
Aujourd’hui encore, Karim Idrissi considère que son cas a été mal analysé. Son dossier – qu’il a pu consulter au service DRH – contenait encore son évaluation négative reçue « en représailles », alors qu’il avait dénoncé les comportements inappropriés d’un chef, à sa hiérarchie puis au syndicat. Il avait obtenu après des rendez-vous entre les syndicats et sa hiérarchie que cette évaluation soit remplacée. Mais elle était encore au dossier. Les élus ont-ils consulté le dossier avec ce document.
L’attitude de l’agent, refusant la fin de son contrat, a irrité en haut lieu depuis le premier jour : « il a refusé de quitter les lieux, il a refusé de rendre les clés, rappelle Jean-Michel Jalabert. Il a fait pareil le mercredi, le 18, sans faire partie de l’effectif, il a pris un véhicule de fonction, il est venu en mairie, il est allé voir un représentant syndical. ». On pourrait rajouter aussi qu’il s’est posté devant la mairie avec une pancarte revendicative, qu’il a insisté pour qu’on l’entende. Qu’il a protesté et revendiqué auprès d’une nouvelle municipalité pas habituée à gérer les conflits sociaux. Mais si le premier adjoint l’a reçu quelques instants puis appelé deux jours plus tard « plus d’une demi-heure », Karim a du forcé le destin et mettre le pied dans la porte. Pourtant, il n’a jamais obtenu de rendez-vous, de ceux que l’on note sur un agenda. Même le syndicat FSU qui a pris le dossier en main n’a pas réussi à avoir un rendez-vous pour en parler avec les élus.
Le dossier de Karim Idrissi est complexe, et à l’Arlésienne, il nous a fallu plusieurs rencontres, analyses de documents pour comprendre les rouages des décisions en interne et les situations successives qui fondent son sentiment d’injustice. Ce jeune agent s’est levé contre l’attitude méprisante d’un chef. Et c’est toujours plus difficile d’être reconduit quand on fait des vagues. Revenons au conseil.
17h25 – un contrat pec exemplaire non reconduit. Va pour Karim, mais Koukas relance. Pourquoi un autre contrat Pec, dont les évaluations « de ses supérieurs sont très satisfaisantes », n’a-t-il pas été renouvelé ? « Là aussi, il y aura des frais [de justice, ndlr] ? », pose le chef de l’opposition, sarcastique. « Je ne pense pas qu’il y aura des frais, son contrat est terminé », répond très sérieusement le premier adjoint. « Sur 14 contrats Pec qui sont arrivés à échéance, six ont été reconduits, six ont été stagiérisés », détaille-t-il. Koukas ne relance pas. Si on y voit un peu plus clair, on reste sur notre faim. Pourquoi M. Boucetta, qui répond aux critères qu’a énoncé Patrick de Carolis n’a pas été repris ? « Quels sont les critères retenus pour proposer un nouveau contrat, ou pas, à la fin des contrats Pec ? Quelle est la politique de recrutement mise en œuvre ? », questionne un courriel de l’Arlésienne à destination du premier adjoint, au maire et à l’élue au personnel municipal que nous avons adressé le 20 novembre 2020. Pour l’instant, le goût de l’arbitraire reste encore en bouche.
17h26 – denis de montgolfier dans les quartiers. « Comment cette personne a été retenue ? », s’interroge Nicolas Koukas pour parler de l’intervention de « l’artiste Denis de Montgolfier afin de mobiliser les jeunes de 14 à 17 ans dans les quartiers prioritaires pour la période scolaire 2020-2021 », comme le stipule l’intitulé officiel. Patrick de Carolis passe la parole à Claire de Causans, l’élue à la culture, pour expliquer l’appel à Denis de Montgolfier pour 9000 € de prestations. « Cette personne a été retenue parce qu’elle faisait pratiquer la vidéo au cœur des quartiers avec les habitants », informe Claire De Causans. « C’est quelqu’un de très grande qualité », insiste l’élue l’élue « mais qui a été plutôt choisi par le service de la culture », ajoute-t-elle comme pour se dédouaner. De son côté, Nicolas Koukas semble savoir quelque chose : « On a fait également des recherches concernant cette personne qui a une belle expérience professionnelle, pas forcément dans les quartiers prioritaires », mais l’opposant reste dans une insinuation stérile.
17h27 – avocats en rafales. C’est pas encore l’heure de l’apéro, mais y’a de quoi faire un guacamole. « Décisions du maire n° 20-532, 20-533 et 20-535, là encore on a la désignation d’un avocat », ponctue Nicolas Koukas. Des contentieux sur lesquel les élus veulent avoir plus d’informations. Pour celui concernant la « parcelle 433 » puis celui sur la « Draille marseillaise ». Ou encore « une consultation juridique relative à la gestion RH ». Même réponse : « par écrit », « par écrit », « on vous répondra par écrit », répondent successivement Sophie Aspord, élue à l’urbanisme puis le maire. C’est bon, on peut passer à table ?
17h29 – nOëL et frais. Jean-Frédéric Déjean élu d’opposition communiste, profite de la notification des marchés pour les décorations de Noël pour lancer une attaque frontale. « C’est en toute conscience que vous avez voulu externaliser une tâche pour la confier à un prestataire privé ce qui nous coûte beaucoup plus cher. Je vais rappeler ce que nous ont coûté ces illuminations : 114 000 € et 12 500 € pour la conception du programme, là encore que nous réalisions en interne. »
17h30 – Complément d’enquête sur Overneed consulting, l’entrprise de l’ancien collègue de Mandy GrailloN, choisi pour les fêtes de noël
L’entreprise Overneed consulting de Ludovic Arnault, ancien collègue de Mandy Graillon au cabinet de la Région, avait été choisie pourn réaliser la ‘‘conception et réalisation programme noël’’ contre 12 500 €. « Lors du précédent conseil municipal nous vous avons interpellé et vous vous étiez engagés à nous transmettre des informations quant au travail fourni par l’entreprise, rappelle Jean-Frédéric Déjean. Une réponse écrite nous a été adressée mais celle-ci est dépourvue d’éléments décrivant les missions qui ont été réalisées. En l’absence d’éléments probants, nous allons croire qu’il y a un loup quelque part. »
« Il n’y a pas de loup », répond le maire. « Je vais vous donner quelques informations, puisque le document transmis n’a pas été suffisant, semble-t-il, à vos yeux ». Alors Patrick de Carolis promet « de répondre techniquement et comme ça on aura je pense évacué ce sujet ». S’ensuit une justification du pourquoi Ludovic Arnault, ancien directeur de la communication et des événements de Nice, ancien attaché parlementaire de Christian Estrosi (LR) et directeur adjoint du cabinet de la Région Paca est adapté aux besoins de la Ville d’Arles. « Il nous fallait trouver une entreprise qui connaisse à la fois ce qu’était le monde des illuminations de Noël, ce qu’étaient les collectivités et surtout, surtout, ce qu’étaient les marchés publics et ça a été le profil donné et indiqué pour le choix de notre Assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) », l’ouvrage étant ‘‘la conception et réalisation programme Noël’’. Patrick de Carolis reprend le contexte, il fallait préparer des festivités de Noël pour « animer la ville tout le mois de décembre », le tout en un temps record : « en seulement deux mois de préparation, c’est à dire à l’arrache comme on dit ».
Au niveau des tâches réalisées par Ludovic Arnault, Patrick de Carolis liste : construction du programme de Noël, consultation des entreprises, réunions avec les services de la ville, « il était présent d’ailleurs, une à deux fois par semaine dans les bureaux de notre ville », rédaction des marchés publics « d’ailleurs parfois terminée tard dans la nuit, je peux en attester », appuie le maire. Il en profite pour remercier le service des marchés public pour son travail. Mais bon, un service en lequel il n’a pas assez confiance pour rédiger des appels d’offres pour des lumières, une patinoire et un chalet du père Nöel (les derniers lots n’ont pas été attribué à cause des conditions sanitaires). « L’AMO a réalisé l’ensemble des visites techniques avec les différents candidats et a aussi apporté des réponses à leurs différentes questions. »
estimé à 200 heures de travail
Pour justifier le prix, Patrick sort la calculette. « Le temps de travail pour l’ensemble des tâches était de 200 heures ». Et selon les recherches internet que cite le maire, « une heure de travail pour AMO en rédaction d’appels d’offres peut aller entre 80 et 160 euros de l’heure. » Pour Ludovic Arnault, « cela revient à un coup horaire de 60 euros, bien en dessous de la fourchette classique que je vous ai indiqué ». Sauf que les 200 heures n’ont pas servi uniquement à rédiger des appels d’offres. Quel taux horaire pour la visite de terrain ? Quel taux horaire pour participer à une réunion ?
Pour montrer sa bonne foi, le maire indique le numéro Siren de l’entreprise : 514 726 579 00014, et invite les élus à aller vérifier par eux-mêmes. Si il n’est pas répertorié comme les autres entreprises au Registre du commerce et des sociétés ? « Cette entreprise a la forme juridique d’une auto-entreprise et elle n’est pas inscrite au RCS ». Le maire continue sa revue de presse et fait écho à notre article ‘‘Les réponses toujours floues sur drôle de consultant de Noël’’, publié la vieille. « Je pense que les journalistes qui se sont penchés sur ce sujet auraient d’ailleurs pu simplement contacter le dirigeant de cette entreprise qui aurait pu tout leur expliquer dans le détail. Ils n’ont pas pris la peine de l’interroger. » Du coup, merci pour les éléments de réponse, merci pour le Siren, même si l’avait déjà, maintenant, on prendrait bien le 06.
Pour conclure les débats sur la gestion de Noël, un Patrick de Carolis théâtral, sortant son mouchoir à l’adresse de son jeune opposant : « Alors vous avez évoqué Drôles de Noël, je sais que c’est votre cheval de bataille, ce n’est pas le mien », raille-t-il à destination de Jean-Frédéric Déjean. Puis il marque une pause, porte le linge à son nez, et sans se décaler du micro, donne un coup de trompette nasale. « Le mien c’est de satisfaire les Arlésiens tout au long du mois de décembre ! » Ne manquent que les applaudissements.
Avant de quitter le sujet, Patrick de Carolis précise. Pour Noël 2020, la Ville a dépensé 138k€, 115 pour le marché Blachere/Citeos/Testoni des lumières, 12,5k€ pour le consulting et 10k€ pour des décorations supplémentaires. Soit 71 k€ de moins que l’année dernière avec Drôles de Noël. Des spectacles et aussi des salaires en moins.
17h44 – le consultant en chair et en os Sylvie Petetin, adjointe aux finances, s’en mêle et fait remarquer à Jean-Frédéric Déjean qu’il a eu Ludovic Arnault en face de lui lors d’une commission d’appels d’offres.
17h45 – le travail dévoilé en 2021 « Ma question c’était : quelle programmation ? C’est pas de commenter un article de presse, c’était concrètement sur la programmation », répond Jean-Frédéric Déjean. Et oui, il se souvient de sa rencontre avec Ludovic Arnault. « Il nous a dit qu’il avait été engagé depuis le mois de juillet, c’était ce qu’il nous a dit en réunion ». Pourtant, la décision du maire portée au contrôle de légalité indique un contrat qui a débuté le 19 octobre pour finir le 31 décembre 2020.
Patrick de Carolis siffle la fin de la discussion : « maintenant M. Déjean, j’estime que vous êtes au courant de tout, informé de tout et que je vous ai apporté un maximum de réponse ». « Non, pas de tout. Sur la programmation, si je peux avoir des éléments, c’est ce qui m’intéresse », renchérit le communiste. « Vous aurez les élements de la programmation au moment venu pour le nouveau Noël 2021 et vous serez surpris ! », finit le maire.
17h44 – transparence et concurrence ?
Mais c’était sans compter sur la carte verte de l’opposition. Cyril Girard, posé, coudes en équerre à sa table, prend la parole et tente de recentrer le débat sur les conditions d’attribution du marché à Overneed consulting. « Je rappelle les trois fondamentaux des marchés publics : la liberté d’accés à la commande publique, l’égalité de traitement des candidats et la transparence. » L’élu issu du groupe Changeons d’avenir s’interroge sur « l’effort tout particulier » réalisé par la collectivité « pour travailler avec cette entreprise ». En dessous de 40 000 €, il n’est pas obligé de procéder à une mise en concurrence, mais « il existe une pratique courante, c’est de faire 3 devis comparatifs, cet usage a-t-il été suivi ? » et « Comment assurer l’égalité de traitement entre différents candidats quand certains sont d’anciens collaborateurs d’élus actuels ? », questionne t-il à destination de Mandy Graillon.
De Carolis est lassé « Monsieur Girard, sur ce sujet j’ai dit ce que j’avais à dire, on va passer à d’autres questions si vous le voulez bien ». A l’année prochaine ?
17h56 – le casino, Mettre fin à un échec budgetivore. Le maire commence par un rappel historique des décisions de la précédente majorité qui était pour le casino et notamment « monsieur Koukas ». Il cible l’ancien « adjoint aux finances » pour l’argent mal dépensé. Au total, le proet aura coûté « la rémunération des cabinets d’études, 120 000 € » et l’indemnisation des deux candidats qui ont déposés des projet au niveau ‘‘esquisse’’ pour 180 000 € chacun. « Ce projet était mal monté, mal ficelé, mal évalué, la mairie n’était même pas propriétaire du terrain (l’ancienne gare maritime de Trinquetaille, ndlr). » Et difficile de donner tord au maire. Les candidats ne se sont pas bousculés au portillon avec notamment l’absence des « leader du secteur ». Et aucune étude pour connaître les coûts d’aménagement, voirie ou autres. Ajoutez à cela que la ville n’était pas encore maitresse du foncier et vous obtenez un beau foiré sur un projet même pas concerté. « Ce projet a déjà coûté à la ville 550 000 €, il est temps d’arrêter les frais. Il faut savoir mettre un terme à un échec, avant que cet échec ne se transforme en véritable catastrophe. » Oui, oui, on peut parler de gabji. Koukas votera pour la délibération qui enterre le casino, alors qu’il avait voté pour sa réalisation lorsqu’il était aux manettes…
18h02 – Un casino semi-enterré.
Patrick de Carolis est ferme « nous décidons de mettre un terme à ce projet qui s’appelle complexe casinotier ». S’adressant à Nicolas Koukas il cloue le cercueil « Ce complexe casinotier vous l’avez condamné dès le premier jour ! » Pour Patrick de Carolis, « Le site de l’ancienne gare maritime mérite un projet d’envergure. » Et dans le cadre de la réflexion à venir, rien n’est à exclure. « Il faut reconnaître que ce projet portait des idées quelque peu intéressantes notamment hôtel de luxe, salle de spectacle, recettes nouvelles. » Croyant comprendre que le casino a été sorti par la porte Schiavetti pour repasser par la fenêtre de Carolis, Cyril Girard pose la question : « Vous n’excluez donc pas l’idée du complexe casinotier ? » Patrick de Carolis, une fois de plus est très clair : « Monsieur Girard vous portez un polo orange ou terracota. N’en porterez vous donc jamais un bleu ? » Girard laisse passer un gros blanc sur cette question de couleur. Le maire traduit sa propre métaphore : « Ce qui est arrêté aujourd’hui c’est ce complexe casinotier. Il ne faut jamais injurier l’avenir ni fermer la porte à rien. » Cyril Girard, qui s’est opposé avec Changeons d’avenir au casino pendant la campagne insiste pour arracher un positionnement au maire. Mais Patrick tient bon « aujourd’hui, le débat était d’arrêter ou pas le projet casinotier qui avait été étudié, point barre. Le reste, c’est l’avenir qui le dira et je n’en dis pas plus sur le sujet. Je ne suis ni pour ni contre, n’essayez pas de me mettre dans tel ou tel corner. » Bon, en fait, le casino est mort, mais si y’a moyen de moyenner, on moyennera.
18h26 – Lesco tombe à l’eau. Emmanuel Lescot demande la parole sur le casino et part en complet hors piste sur le bilan de l’ancien adjoint aux finances, en ciblant tout de go : « Monsieur Koukas, encore une fois, vous avez fait une intervention semi-démente, ânonne-t-il en lisant des notes sur son téléphone portable. Pendant 19 ans vous étiez à la tête de cette ville. Vous étiez adjoint aux finances, c’est quand même quelque chose, c’est assez important comme poste », on sent l’élu à la Camargue débutant dans les attaques personnelles, ça sonne faux. Il réussit tout de même à provoquer un brouhaha. De Carolis ayant tenté de maintenir les interventions sur les sujets stricts des délibérations, on ne voit pas bien dans quoi Lescot se lance…
Ah, on nous dit dans l’oreillette qu’il se prépare à être le suppléant de Mandy Graillon pour les prochaines élections départementales où l’ancienne reine d’Arles partirait avec Martial Alvarez, le maire de Port-Sai,t-Louis. Et Koukas est le conseiller départemental sortant qui tentera de garder son siège.
18h40 – on n’est pas des pots de fleurs. On s’éternise sur le casino. Jean-Michel Jalabert, le premier adjoint, profite des détours pour répondre à une attaque précédente de Koukas « on n’est pas une majorité aux normes, euh, aux ordres comme vous avez dit ». Le premier adjoint préfère l’image « d’une équipe et je suis pas persuadé que c’était le cas dans le dernier mandat avec les individualités qu’il y avait. On est une équipe peut être inexpérimentée, mais nettement moins politique et quand y’a moins de politique y’a moins d’intérêt personnel », lance-t-il provoquant des applaudissement de la majorité. « Alors nous faire passer pour une équipe de pots de fleurs aux ordres du maire ! »
18h43 – le grand sage Rafaï. En vieux briscard des luttes politiciennes, Mohammed Rafaï, conseiller municipal d’opposition, ancien membre de la majorité Schiavetti, remarque « les attaques sur le conseiller départemental » Koukas et souhaite « rassurer tout le monde. Il y a une clause de revoyure (pour les élections, ndlr) début avril. Peut être que les élections départementale n’auront pas lieu en juin, ne commencez pas à vous fatiguer dès maintenant. »
18h44 – La facture de l’Hôtel de police municipal
Quand elle prend le micro, on a l’impression que Mandy Graillon saisit un mégaphone. La sécurité, c’est son rayon et elle part à l’assaut de l’hôtel de Police. Il sera installé dans le bâtiment de 750m² sur le boulevard des Lices entre La Poste et le Jules César. Pour financer la 2e tranche des travaux, la délibération prévoit un financement de 493 892 € dont 80% sont sollicités auprès du département. Une tranche qui contient l’aménagement des premier et deuxième étages ainsi que les fameux équipements pour la vidéo-verbalisation. Au total, le futur hôtel coûtera près d’un million et demi d’euros dont 230 000 € HT auront été pris en charge par la municipalité. Jean-Frédéric Déjean, en verve, ne manque pas de questionner la pertinence de la dépense au regard « des urgences sociales » générées par la crise sanitaire. « Il est difficile de se prononcer sans vision. Les priorités que vous avez fixées nous interrogent. » L’opposition s’abstiendra de voter pour cette délibération. Pour conclure son intervention, Jean-Frédéric Déjean la joue Calimero en regrettant « le mépris anti-républicain avec lequel la majorité commente les interventions de l’opposition ».
18h58 – remplacer un cafoutchi !
« Vous devriez prendre des cours de finances publiques ! rétorque respectueusement Mandy Graillon, vous confondez les dépenses de fonctionnement et d’investissement ! ». S’il faut aujourd’hui injecter une telle somme, c’est pour combler les lacunes de l’ancien hôtel de police « exigu et peu adapté », construit il y a 5 ans suivant un projet « mal ficelé » par l’ancienne majorité pour un montant… de 230 000 € soit quasiment la même chose que un bâtiment de 750m², grâce au Département qui paye 80% des travaux. « Nous allons construire un hôtel municipal qui va pouvoir contenir six fois plus d’agents, regrouper d’autres services, pour un prix qui est le même que celui que l’ancienne majorité a investi dans un CAFOUTCHI qui accueille des agents dans des situations de travail aujourd’hui indécentes ! »
La foule est en liesse. Très opportunément, Jean-Frédéric Déjean rappelle à Patrick de Carolis que les applaudissements n’ont pas leur place en conseil municipal : « Monsieur le maire, par contre, vous devez faire la police quand il y a des troubles ! » En mode cours de collège, Jean-Michel poucave : « Mais il y a 5 minutes, monsieur Koukas a applaudi Monsieur Rafaï. »
Un soupçon de brouhaha et l’assemblée revient à ses moutons. Jean-Frédéric continue de s’interroger, Mandy contre attaque, « vous commentez, nous on avance », scande l’ancienne reine d’Arles.
18h58 – Maris veut apprendre. Virginie Maris, élue d’opposition, chercheuse de profession, n’a pas d’orgueil mal placé et s’excuse par avance de ses « lacunes » en terme de comptabilité publique. Au passage, elle rappelle à Sylvie Petetin, l’élue aux finances, sa proposition de formation aux rudiments de la finance publique. « J’entends qu’il s’agit simplement d’investissement mais c’est un investissement qui se justifie par le calibrage des effectifs des policiers municipaux qui serait élevé à 60. Le salaire de ces agents, est-ce qu’il est pris en charge par la ville ? Est-ce que c’est du fonctionnement ? »
Évidemment, oui, confirme Mandy Graillon, mais « le repositionnement de l’hôtel de police n’est pas uniquement dû à l’augmentation des effectifs ». Relocalisation des services, conditions inacceptables, les arguments ne manquent pas. Et puis le recrutement sera progressif : « Seuls dix postes ont été ouverts cette année, et il n’ont pas encore été pourvus ».
19h15 – C’est l’heure des villages. Au détour d’une délibération sur la rénovation des équipements sportifs à Salin-de-Giraud, Mohamed Rafaï en bon Mas-Thibertais, essaye de tirer la couverture dans la Crau. Il regrette qu’une aide obtenue et destinée à une salle des fêtes à Mas-Thibert soit finalement affectée à Salin-de-Giraud. Il espère que Mas Thibert pourra aussi bénéficier prochainement de nouveaux financements et équipements. Pour Mandy Graillon, il y a déjà une dette cachée par la précédente municipalité à éponger pour Mas-Thibert : « nous avons découvert que le cimetière de Mas-Thibert est plein ».
19h28 – C’est long. Le maire se lève traverse la salle des fêtes pour aller aux toilettes. Il se rassoit 1 minute 34 plus tard.
19h33 – #conseil municipal Mandy Graillon fait passer son smartphone à Paule Birot-Valon et se tient bien droite pour la photo.
20h43 Après des minutes passées sur le prochain pôle multimodal de la gare qui paraissaient des heures, les 10km d’Arles rendent leurs subventions. La mairie d’Arles n’est pas contente du retrait de la région du financement du Bac de Barcarin et l’a fait savoir lors d’un vote au syndicat de gestion. Enfin, la séance de 3h11 pour 20 délibérations se termine. A la sortie, le benjamin de l’assemblée emmagasine de l’expérience : qu’il y ait 60 ou 20 délibérations, « ça dure toujours à peu près le même temps ».
Prochain conseil, le jeudi 18 février, pour un débat sur les orientations budgétaires de la ville « et à cette occasion les auditeurs patrimoine et les auditeurs finances viendront présenter leur rapport », annonce le maire. Depuis plusieurs mois des audits sont réalisés par des cabinets dans les services de la Ville. On a hâte de connaître leurs conclusions.
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