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Législatives : l’échiquier politique

Législatives : l’échiquier politique

Le Nouveau front populaire va tenter de concurrencer le Rassemblement national qui a une importante longueur d’avance. A Arles, le maire Horizons Patrick de Carolis use de la syntaxe des « extrêmes » en bon élève de la majorité présidentielle.

 

 

« Bonjour les terroristes », s’amuse Cyril Girard soutien du Nouveau front populaire face au millier de personnes réunies sur la place de la République ce samedi 22 juin. Une blague du conseiller municipal d’opposition arlésien qui fait référence à l’interview que le député sortant a donné à La Provence quelques jours auparavant : « J’imagine que ce sont les mêmes qui ont soutenu les terroristes du Hamas », avait déclaré Emmanuel Taché de la Pagerie, à destination des manifestants contre l’extrême droite.

À part un entretien à La Provence et des posts sur les réseaux sociaux, Emmanuel Taché de la Pagerie ne fait pas vraiment campagne. Comme lors des précédentes législatives ou il était fraîchement parachuté sur la circonscription. Effectivement, il n’a pas eu besoin de se montrer pour être élu en 2022 avec 54,94 % des voix exprimées dans cette circonscription de l’ouest du département qui englobe Arles, Port-Saint-Louis-du-Rhône, les Saintes-Maries-de-la-mer, Tarascon et Miramas. Une campagne fantôme qui lui avait plutôt bien réussi la première fois. Lors de son élection, au second tour, il avait quasi 4000 voix d’avance lors du duel avec la Nupes. Pour une participation de 45,57 % des 91 764 inscrits.

« Je suis d’un naturel optimiste, mais sur le papier, c’est compliqué », avoue Nicolas Koukas (PC), le candidat Nouveau front populaire, « je suis en mode guerrier, je me bats contre des idées. On fera tout pour qu’Arles résiste », lance ce petit-fils de résistants, candidat aux dernières municipales arlésiennes et ancien conseiller départemental. Bref, une tête connue par les habitants de la ville la plus importante de la circonscription. En suppléant, Christophe Caillault (PS), élu de la ville de Miramas, candidat lors des dernières législatives pour la Nupes. Pour ces élections législatives anticipées comme pour les précédentes, la gauche part unie, hormis la candidature de Lutte ouvrière avec l’ouvrier métallurgique retraité Guy Dubost : « Lors du Front populaire, ce sont plus les grèves qui ont changé les choses que le passage au gouvernement. Le Front national est monté avec toutes les trahisons de la gauche. »

Les macronistes bottent en touche

Aux dernières élections législatives, les voix de la droite républicaine ne s’étaient pas toutes reportées sur la Nupes. Et ce n’est pas la vigueur des consignes locales qui aidera l’idée d’un front républicain. Si Patrick de Carolis, le maire d’Arles Horizons, fait à peu près la même taille que Dominique de Villepin, il n’a pas la même carrure politique. Contrairement à l’ancien premier ministre de droite, le maire d’Arles fait l’amalgame électoraliste entre la gauche et l’extrême droite : « Je le dis avec force, les extrêmes ne sont pas une solution pour la France », lance-t-il sur les réseaux sociaux en singeant la position du chef de l’État. Aux comptoirs de la place du Forum, les observateurs locaux sont nombreux à tiquer.

Pour ces élections législatives, pour représenter la majorité présidentielle, Mandy Graillon, conseillère départementale et deuxième adjointe d’Arles, ancienne reine d’Arles, aurait eu un profil à récupérer des voix au Rassemblement national. Et lors des législatives de 2022, il ne manquait qu’à peine 700 voix pour passer devant la gauche au premier tour et s’imposer comme le duelliste contre l’extrême droite. Autre fait, lors des élections régionales en 2021, Patrick de Carolis n’avait pas appelé à voter Renaud Muselier alors qu’il était le seul recours face à l’extrême droite. Un élu de la majorité municipale analyse son malaise à cette époque : “je suis d’une droite gaulliste, sociale, je suis très mal à l’aise avec ce discours avec l’extrême droite et ne pas faire front commun contre ses idées”, analyse-t-il.

La candidature d’Ensemble pour la République va être portée par Marion Biscione. Conseillère municipale de Fontvieille de 35 ans, est agricultrice de profession, adhérente au syndicat Jeunes agriculteurs, mais aussi membre du Réseau des femmes élues, candidate malheureuse aux sénatoriales en 2020, elle a l’habitude de s’incruster sur les photos de déplacement des ministres ou du président dans la région. Selon la Provence, son nom pour la circonscription aurait été directement soufflé par le ministre de l’agriculture Marc Fesneau. Au niveau local, elle a soutenu les candidats de la majorité lors des dernières législatives soit Mariana Caillaud et Patrick de Carolis en suppléant. De temps en temps, elle intervient également en mairie d’Arles ou lors d’une réunion publique comme conseillère juridique pour son père, promoteur immobilier. Notamment d’un projet dont l’obtention du permis pose question sur l’espace public arlésien (lire ici et dans l’Arlésienne n°20). Elle n’a pas souhaité répondre à nos questions. Comme faits d’armes politiques, elle a été défaite de ses délégations d’adjointe à l’urbanisme à la mairie de Fontvieille. Elle mise sur une « candidature d’apaisement », comme elle l’annonce dans La Provence. Elle précise également dans les colonnes de nos confrères qu’elle portait le costume d’Arlésienne. Mais, ici, la tradition et ses emblèmes n’ont pas de couleur politique attitrée. Sur les réseaux sociaux arlésiens, une image d’un musicien traditionnel provençal est de plus en plus partagée. Le « tambourinaïre rouge » avec son tambourin siglé Nouveau front populaire affiche un message rare en provençal : « Provençau antifascisto, toutis ensem contro li FAF !».

La rédaction de l’Arlésienne (Eric Besatti et Clémentine Morot-Sir)

 

PS : Les autres candidatures dans la circonscription : Florent Seddik, un entrepreneur marseillais pour Reconquête, Samir Bouziani ingénieur pour le parti des écolos (Equinoxe), Alain Bernardet, conseiller municipal d’Istres, militaire retraité (Les Républicains)

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