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À Arles, Carolis refuse le front républicain

À Arles, Carolis refuse le front républicain

Le maire d’Arles et ancien président de France télévisions n’appelle pas à faire barrage à l’extrême droite. Alors que certains membres de son parti Horizons ou encore le premier ministre Attal appellent à voter clairement contre le Rassemblement national, lui choisit l’ambiguïté à l’heure d’un choix déterminant pour l’histoire du pays.


« Dimanche prochain, il appartient à chacune et chacun d’entre nous d’exprimer en conscience quel sera son choix ». Dans son communiqué publié le 3 juillet 2024, le maire d’Arles n’appelle à rien. Tout en disant qu’à « titre personnel, je n’apporterai pas mon suffrage au candidat du Rassemblement National. »
Il n’apporte pas pour autant son soutien à l’adversaire du RN et renvoie une nouvelle fois ce qu’il appelle « les extrêmes » dos à dos. Des qualificatifs utilisés par le parti présidentiel qui sont factuellement faux, comme l’a jugé le Conseil d’État en mars dernier. 

Ce qui n’empêche pas le maire d’Arles de persister. « La France insoumise étant devenue le premier parti de gauche à Arles, le vote des extrêmes est maintenant largement majoritaire dans notre commune. » Omettant de mentionner que le candidat de gauche qualifié au second tour n’est pas LFI, mais PCF. Avec cette attitude, Patrick de Carolis, a choisi de ne pas choisir. Et de discréditer la gauche.

Illustration : Post facebook du marie Patrick de Carolis

 

Pourtant, dans son propre parti Horizons, l’ancien premier ministre Edouard Philippe a choisi, lui, de soutenir le candidat du parti communiste au Havre pour empêcher le RN d’accéder au pouvoir.

Patrick de Carolis, lui, n’a eu aucun mot pour Nicolas Koukas, le candidat PCF qui se présente face au RN dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône. Pire, avec sa déclaration sur « le vote des extrêmes », il cherche à construire un amalgame entre Nicolas Koukas et le vote LFI. Dans le débat public, LFI est devenu un élément de langage qui sert à dénigrer les alliances de gauche et en creux, de formuler une accusation d’antisémitisme. Là encore, c’est factuellement faux.
Une stratégie pour discréditer l’alliance de la gauche, semblable à celle du chef de l’Etat depuis des mois avant qu’il ne finisse, lui aussi, par en appeler au front républicain lundi dernier.
Dans son programme, le Nouveau front populaire souhaite lutter contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. Aucun de ses membres n’a été condamné pour incitation à la haine, au contraire du côté du Rassemblement national.

Pour ce second tour, le premier ministre Gabriel Attal a appelé à voter pour les alternatives au RN.
Dans la majorité présidentielle, une voix a émergé pour être particulièrement claire, celle de Roland Lescure. Le ministre de l’Industrie et candidat aux législatives « appelle tous les républicains, quel que soit leur bord, à voter pour le candidat non Rassemblement national le mieux placé ». 

De nombreuses Arlésiennes et Arlésiens ont été choqués, scandalisés par le communiqué de presse du maire d’Arles. Et pas seulement l’électorat de gauche. Une non prise de position alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, que les discours racistes se montrent au grand jour sur son territoire. Un manque de discernement évité par Dominique de Villepin, ancien premier ministre de droite. « Est-ce qu’il faut renvoyer dos à dos l’ensemble des formations ? Je crois que c’est prendre le risque de banaliser le Rassemblement national », a-t-il déclaré sur BFM. 

Alors que la candidate malheureuse de la majorité présidentielle, Marion Biscione, n’a pas pu se maintenir au second tour, faute de voix et d’atteindre les 12,5 % des inscrits, le seul adversaire à l’extrême droite Nicolas Koukas, n’est même plus surpris de la position du maire d’Arles. « Il fait du Macron »… Dans son communiqué sur sa page facebook, il attaque un « déshonneur politique de qualifier la gauche sociale, démocrate, écologiste et humaniste ‘’d’extrême’’ en reprenant la sémantique du Rassemblement National. C’est dans les moments historiques comme celui que nous vivons que les personnalités se révèlent et que les masques tombent. » . Dimanche soir, les résultats de cette stratégie de long terme de la majorité risque de se faire ressentir dans les urnes, à Arles et dans son pays.

Eric Besatti

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