Cornille, l’ogre de l’agro-industrie, »petit-paysan » selon Leclerc
Le marketing ne s’embarrasse pas des détails. Même parfois de toute notion de vérité. «Les alliances locales, au plus près des petits producteurs» peut-on lire dans le dernier carnet de chèques cadeaux de E.Leclerc Arles du 10 au 23 juin 2024. Et qui voilà ? Notre Didier Cornille, le mastodonte de l’agro-industrie, caricature de ce qui se fait de pire en termes de destruction des sols (l’Arlésienne n°19) et de relations sociales avec ses employés dans ses exploitations (l’Arlésienne n°8). Celui qui a été condamné pour violences sur des journalistes d’Envoyé spécial. Pour Leclerc, Didier a pris la pose, un genou au sol, nous montrant son raisin au milieu des vignes. Didier, c’est 18 000 tonnes de salades par an. Sur le site du magasin, E. Leclerc, Didier Cornille est présenté comme viticulteur de la région et mentionne uniquement son exploitation au Mas de Rey.
Mensonge par omission dirait notre Père. La famille Cornille possède une vingtaine d’entreprises, dont sept exploitations agricoles et les hectares qui vont avec. En 2020, la moyenne de la surface agricole utilisée des grandes exploitations était de 136 hectares. Selon nos comptages, l’agriculteur comptabiliserait plus de 2 800 hectares au total. «15 000 partenariats en circuits courts
partout en France, la défense de l’économie locale et de nos terroirs, le respect de la saisonnalité
et des savoir-faire», ce sont les engagements des «alliances locales» de E.Leclerc. Didier Cornille a des pratiques notables en termes de saisonnalité. Entre deux cultures : brûler les plastiques qui servaient à lancer la pousse. Les plaintes avaient bien plu au printemps dernier. Sur leur site internet Flocert, un groupe d’experts du commerce mondial équitable qui crée une certification pour Fairtrade International, décrit un petit producteur comme étant «un producteur dont la structure ne dépend pas de main-d’oeuvre salariée permanente et qui gère ses activités de production à l’aide d’une main d’oeuvre essentiellement familiale». La dépendance de Didier Cornille à une main-d’oeuvre massivement embauchée par l’entreprise Terra Fecundis
condamnée pour fraude n’est plus à prouver. De son côté, l’inspection du travail (la Direccte, Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) des Bouches-du-Rhône a saisi le parquet de Tarascon pour des faits présumés de traitement déplorable de travailleurs étrangers. L’issue de la procédure, qui est toujours en cours, permettra peut-être de mieux définir l’activité de l’agriculteur. Et de trouver de nouveaux adjectifs qualificatifs plus fidèles à la réalité.
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