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Didier Cornille, le propriétaire du Mas de Rey condamné pour violence contre des journalistes

Didier Cornille, le propriétaire du Mas de Rey condamné pour violence contre des journalistes

A la tête d’un empire agricole du Pays d’Arles, Didier Cornille a été condamné à 1000 euros d’amende pour ses violences à l’encontre de journalistes de France 2. Il avait foncé en 4X4 sur l’équipe d’Envoyé spécial qui enquêtait sur la situation des travailleurs détachés, avant d’en venir aux mains.

C’est un mastodonte de l’agro-industrie du Pays d’Arles qui vient d’être condamné par le tribunal de police de Tarascon pour des violences sur des journalistes. Didier Cornille est notamment propriétaire du domaine viticole du Mas de Rey et considéré par ses pairs comme le plus gros saladiculteur d’Europe. Il a été reconnu coupable ce lundi 21 février de « violence n’ayant entrainée aucune interruption temporaire de travail (ITT) » envers deux journalistes de France 2.  L’exploitant agricole est condamné à 1000 euros d’amende. Un montant plus lourd que les 700 euros réclamés par le parquet lors de l’audience du 21 décembre.

Reconnaissance des coups et blessures

Didier Cornille doit également verser 1000 euros de préjudice physique en faveur du cameraman Thomas Ghéry qu’il a agressé et 700 euros de préjudice physique à la rédactrice Laura Aguirre de Cárcer. Les syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT et CFDT qui s’étaient portés partie civile obtiennent chacun 400 euros de dommages. Didier Cornille est également condamné à 1 euro aux titres des préjudices moraux pour chacune des parties. « On est globalement content que le tribunal aille plus loin que ce que requérait le procureur, se satisfait Thomas Ghéry. Cette condamnation est une reconnaissance des coups et blessures volontaires. Et le fait que le tribunal demande l’indemnisation des syndicats de journalistes soutient leur légitimité à se porter partie civile dans des affaires où des journalistes sont agressés. »

Le 10 septembre 2020, les deux journalistes enquêtaient sur l’entreprise d’intérim agricole espagnole Terra Fecundis, qui s’appelle désormais Work for all. Leur reportage, « Les travailleurs de l’ombre » a été diffusé dans Envoyé spécial en janvier 2021. La séquence mouvementée de leur agression a été filmé par le reporter d’images (à partir de la septième minutes dans le reportage). Elle montre clairement Didier Cornille s’en prendre aux journalistes. L’action se passe sur la voie publique devant le Mas de la Trésorière. Un lieu d’hébergement des ouvriers agricoles au nord d’Arles, dont Cornille est propriétaire et qu’il loue à Terra Fecundis. « Mais vous êtes malade de venir chez les gens comme ça », vocifère-t-il (9’25). On le voit tenter de porter des coups à Thomas Ghéry et pousser Laura Aguirre de Cárcer.

Une autre affaire à venir

Didier Cornille a recours massivement à la main d’œuvre détachée fournie depuis l’Espagne notamment par Terra fecundi / Work for all. Des travailleurs et travailleuse originaires d’Amérique latine ou d’Afrique sub-saharienne, que le patron emploie pour assurer les récoltes dans ses champs Camarguais, Gardois ou dans la plaine entre Arles et Chateaurenard. L’Arlésienne a également détaillé les conditions illégales et choquantes dans lesquelles sont hébergés ces travailleurs détachés, notamment dans notre enquête « Déplacés comme du bétail ».

Au delà de la violence pour laquelle il vient d’être condamné, Didier Cornille est également visé par une information judiciaire pour « soumission de plusieurs personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions d’hébergement indignes, non déclaration de l’affectation d’un local à l’hébergement collectif et exploitation d’un local affecté à l’hébergement collectif malgré fermeture administrative », précise Laurent Gumbau, procureur de la République au tribunal judiciaire de Tarascon. Au printemps 2020, plusieurs cluster de Covid dans les lieux d’hébergements ont attiré l’attention des médias et des services de l’État. Ceux-ci ont prononcé la fermeture administrative de lieux dont Cornille est propriétaire. Des semaines après cette décision, des travailleurs et travailleuses y étaient toujours hébergés.

Eric Besatti, Pierre Isnard-Dupuy et Hélène Servel

 

Lire notre enquête complète et ses différents volets

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