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Ancien collège Mistral : un powerpoint et des questions

Ancien collège Mistral : un powerpoint et des questions

Dans sa logique de rationalisation de son patrimoine, la Ville d’Arles va vendre l’ancien collège Frédéric Mistral, un bijou du centre-ville de plusieurs milliers de mètres carrés, pour 3,9 millions d’euros. L’acquéreur choisi, le groupe François 1er, propose un complexe constitué d’un pôle médical, un pôle associatif, un lieu d’exposition et des logements intergénérationnels. Une nouvelle fois sous Carolis, le peu de documents transmis à la connaissance des élus et du public laisse des tas de questions en suspens.

Il y a des images de synthèses issues d’un powerpoint, pour le reste il faudra repasser. Les délibérations (2,3,4) sur l’ancien collège Frédéric Mistral qui seront votées ce 28 septembre, égrainent les quantités prévues par le projet : une salle polyvalente de 513 m², un pôle associatif de 535 m² (réparti en six salles et un hall d’exposition), un pôle médical de 436 m², 69 logements, 27 places de stationnements, des locaux vélos et un commerce (restaurant/brasserie) de 210 m² avec terrasse. Point de « note d’intention du projet » ni de « présentation de la maîtrise d’ouvrage », ni même de « bilan financier promoteur ». Pourtant tous ces documents ont été demandés par la mairie dans le cahier des charges de la consultation publié sur le site de la mairie d’Arles le 24 juin 2022. Pour comparer les projets, la délibération n°3 nous apprend simplement que le projet de François 1er, qui propose un restaurant/brasserie a été préféré à celui de Vinci ou de la Cogedim qui proposaient une crèche.

Quid des associations présentes ?
Depuis la fermeture du collège Frédéric Mistral en 2011, le lieu est devenu un fouillis plus ou moins élégant de bureaux associatifs et également le lieu de l’accueil de jour du Centre communal d’action sociale, qui s’occupe notamment des SDF arlésiens. Sans oublier le musée de la Résistance et de la déportation dans le pays d’Arles. Mais qu’en sera-t-il demain. Une certitude, la chapelle du XVe siècle est promise à un lieu d’exposition et de conférence. Pour l’accueil de jour du CCAS, la relocalisation est prévue avec la date butoir du 30 juin 2025, pour le reste, c’est le grand flou. Cet été, le premier adjoint Jean-Michel Jalabert et l’adjointe aux associations Claire de Causans ont multiplié les rencontres avec les associations qui occupent les lieux, sans promettre, ni à l’oral ni à l’écrit, une solution de relogement. Seul indice pour ce pôle associatif de six salles et hall d’exposition de 535 m², des espaces permettant l’enseignement de la « danse, dans des conditions optimales ».

Images de synthèses du powerpoint du groupe François 1er, projet retenu par la municipalité pour transformer l’ancien collège Mistral. Visuels fournis en annexe des délibérations.

La Ville se fait respecter sur le coup
Contrairement à la vente de l’ancienne école Portagnel votée sous l’ancienne mandature aux Napoleons, la mairie vend cette fois-ci au dessus du prix fixé par l’argus du patrimoine public (les Domaines). La parcelle de 6431 m² de l’ancien collège dont 2900 m² de bâtiment a été évaluée à 3 millions d’euros. Et la mairie prévoit la vente à 3,9 millions d’euros avec un prix baissé à 3,2 millions d’euros pour les 700 000 euros du pôle associatif qui reviendra à la  ville sous forme de « dation ». Un peu comme dans les années 70 à Raphèle, sous la mairie communiste, quand les promoteurs des lotissements devaient dans la même opération, construire des gymnases et salle pour les associations qui revenaient ensuite à la Ville. La séance du conseil municipal permettra certainement de confirmer que la Ville redeviendra propriétaire après les travaux comme nous l’avons compris avec ce terme juridique de « dation ». Mais nous ne sommes pas experts. Le promoteur, lui se retrouvera financièrement avec les 2513 m² de droit à bâtir contenu dans le projet.

Mais qui est François 1er ?
Avant il y a la question de la procédure. Pour la cession du bâtiment, la Ville a choisi le cadre d’un Ami (Appel à manifestation d’intérêt) et non une procédure de publicité et de mise en concurrence prévue pour les marchés publics connu pour être plus contraignant. L’appel d’offres est pourtant tout indiqué quand le projet répond à une commande de la ville, ce qui peut y ressembler, à la lecture du cahier des charges de l’Ami « . Les bases juridiques sont questionnables. A Grasse en 2018, une vente d’un bien communal sous forme d’Ami a posé question devant le tribunal administratif.

Pour ce qui est du vainqueur de la consultation, le groupe François 1er, dont l’actionnaire unique est Christophe Barillé, les annexes des délibérations indique qu’il est spécialisé dans les opérations de restauration immobilière. Ses locaux sont situés sur le très chic boulevard Haussmann à Paris. Les délibérations affirme que son offre est celle « répondant le mieux à l’intérêt du centre-ville ». François 1er où « toute personne morale que la société pourrait substituer à elle ». Ce qui fait dire à l’opposant Cyril Girard « on ne sait pas à qui on vend ». Affaire à suivre.

Eric Besatti avec la rédaction.

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