Quartiers : La priorité, c’est la prévention pour l’équipe Koukas
A la suite des coups de feu à Barriol, nous avons demandé aux deux candidats à la mairie leurs propositions concernant les quartiers prioritaires (Trébon, Barriol, Griffeuille). Les deux candidats ont eu deux méthodes de réponse différentes. Toujours pas d’interview acceptée par Patrick de Carolis. Mais il y a du mieux ! Il nous a fait envoyer une liste de propositions pour les quartiers prioritaires. Nicolas Koukas répond via son colistier qui serait en charge de la délégation jeunesse, la réussite éducative et la prévention de la délinquance en cas d’élection. Deux formes de réponses incomparables, mais auxquelles nous avons donné la même place.
D’entrée, Laurent Daudigeos, colistier de Nicolas Koukas (Parti des Arlésiens), chargé des questions de la jeunesse et de la prévention de la délinquance, précise qu’il y aura aussi « une délégation à la sécurité, une à la démocratie participative et une au sport pour compléter les thématiques qui touchent aux sujets principalement liés aux quartiers prioritaires. » Le conseiller principal d’éducation (CPE) au collège Ampère, n’est pas encarté dans un parti politique et défend « une approche globale » pour lutter contre la délinquance. « L’adolescent, qu’il soit de quartier ou non, c’est un enfant dans une famille, un élève dans un collège, un habitant dans un quartier. Le but, c’est de faire du lien entre les différents partenaires pour identifier les gamins en décrochage scolaire, leur proposer du soutien scolaire, des activités l’été… Repérer les familles en difficulté, qui ont des problèmes de santé, sociaux ou éducatifs pour concentrer les moyens. » Et pour remplir ces objectifs, Laurent Daudigeos n’a pas de baguette magique et sait que les moyens sont déterminants pour remplir les objectifs. Il souhaite maintenir l’existant et amplifier le soutien, par exemple pour l’association des Aides au travail personnalisé (ATP), gérée par la mairie.
De son poste de CPE d’Ampère, Laurent Daudigeos tire une expérience de mise en relation des différentes institutions qui travaillent autour de l’adolescent. Il a notamment participé à mettre en place un partenariat entre le centre social de Barriol et le collège pour la prise en charge des élèves exclus temporairement de l’établissement. Pour ne pas que l’enfant reste sans occupation ou chez lui à ne rien faire, « nous organisons une rencontre avec sa famille et nous proposons de travailler dans un autre cadre avec les éducateurs du centre social, pour qu’il y ait une continuité de l’encadrement et du travail. Cette année nous en sommes qu’aux balbutiements, cela a concerné quatre élèves. Seule une famille a refusé que son enfant aille au centre-social durant son exclusion. » Laurent Daudigeos souhaite amplifier ces mises en relation et partenariat des acteurs déjà présents sur le territoire.
Issu du milieu ouvrier dans l’agro-industrie, le colistier de Nicolas Koukas souhaite que l’école et l’implication citoyenne soit pour les jeunes de la ville une façon de « s’émanciper de son milieu d’origine ». « Lutter contre le déterminisme social, quand vous êtes issu d’un quartier qui a une mauvaise image, il y a parfois une auto-limitation qu’il faut combattre. » Il souhaite engager la création d’un conseil municipal de la jeunesse. « Pour donner la parole aux jeunes, leur permettre de porter des initiatives avec un budget. » Le financement de ces projets décidés par les jeunes serait pris sur l’enveloppe de 700 000 euros prévue pour les budgets participatifs.
Mais ne va-t-on pas retrouver des élèves issus des classes plus favorisées qui souhaiteront être délégués ? Et voir un manque de représentativité dans ce nouveau conseil ? Fausse route rétorque Laurent Daudigeos : « Dans le collège Ampère où nous avons des élèves issus du centre-ville et de Barriol, nous n’avons aucun problème à avoir des délégués issus de Barriol. » Le dispositif de recrutement de ce conseil des jeunes n’est pas encore arrêté. « On peut par exemple passer par les établissements scolaires », déroule le CPE du collège Ampère. « Mais nous ne sommes pas dans un carcan, nous souhaitons proposer une feuille de route, mais elle est évolutive en fonction des propositions des habitants et nous souhaitons nous appuyer sur les associations existantes et leurs idées. »
Concernant la police de proximité, « si la délibération sur l’extension de la vidéoprotection a été reportée, il faudra s’emparer de la question pour mettre en place ce qui est utile et voir où les budgets peuvent être priorisés avec l’instauration d’une police de proximité dans chaque quartier avec un référent. » L’objectif est de créer de la compréhension entre la police et les habitants pour renforcer les mesures de prévention. Reste aussi à trouver des candidats pour renforcer les effectifs de police, mission impossible jusqu’alors. Mais la police reste une compétence régalienne de l’Etat, « si les municipaux sont souvent les premiers à arriver sur les interventions, ils ne sont pas là pour se substituer à la police nationale ». Pour le colistier de Nicolas Koukas, c’est une différence entre les deux projets politiques : « prévention, c’est un mot que l’on n’entend pas dans le projet politique de Carolis. La solution ne va pas venir de l’installation de caméras, des études montrent qu’elles sont plus coûteuses qu’efficaces et qu’elles ne règlent pas les problèmes de sécurité. »
Eric Besatti
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