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Quartiers. Les promesses d’un monde meilleur de de Carolis

Quartiers. Les promesses d’un monde meilleur de de Carolis

A la suite des coups de feu à Barriol, nous avons demandé aux deux candidats à la mairie leurs propositions concernant les quartiers prioritaires (Trébon, Barriol, Griffeuille). Les deux candidats ont eu deux méthodes de réponse différentes. Toujours pas d’interview acceptée par Patrick de Carolis. Mais il y a du mieux ! Il nous a fait envoyer une liste de propositions pour les quartiers prioritaires. Nicolas Koukas répond via son colistier qui serait en charge de la délégation jeunesse, la réussite éducative et la prévention de la délinquance en cas d’élection. Deux formes de réponses incomparables, mais auxquelles nous avons donné la même place.

Avec Patrick de Carolis, c’est la promesse de tout refaire à neuf. Les routes, les écoles, les bâtiments publics, les stades. Mais sans expliquer comment ni avec quels moyens. Il faut croire en lui. Et pour les quartiers prioritaires, c’est pareil.

A la lecture des propositions pour les quartiers envoyées par l’équipe de Patrick de Carolis, on peut lire les principales revendications et propositions des associations d’habitants. « Améliorer le réseau de transport », « favoriser l’implantation de commerces de proximité », « mieux adapter les maisons de quartier aux besoins des habitants », « la rénovation des bâtiments publics, des écoles et des équipements sportifs ». Si le constat est intéressant et connu de tous depuis des années, nous aurions aimé approfondir les propositions. Jamais le programme n’explique quelles seront les priorités et comment financer les propositions. L’argument récurrent de Patrick de Carolis réside dans le fait d’aller chercher des financements là où ils existent, dans les appels à projet de l’Etat ou les fonds européens, comme si la ville d’Arles et l’agglomération n’avaient jamais fait appel à ces fonds-là. Par exemple, nous aimerions savoir comment financer la promesse de l’« augmentation du nombre d’éducateurs spécialisés partout où ce sera nécessaire » ? Parce que dans le fond, tout le monde est pour.

Sans interlocuteurs, certaines propositions rédigées paraissent peu réalistes. Comment imposer le « retour des services publics par les maisons de service au public : antenne Pôle emploi, pôles administratifs », quand précisément les services publics de l’Etat ne dépendent pas des communes. De même, « la venue de nouvelles entreprises », ne se décrète pas et le seul volontarisme politique ne suffit pas toujours. Le carnet d’adresses du candidat suffira-t-il ? Qu’importe, avec Patrick de Carolis, il faut rêver en grand et imaginer « des marchés de proximité organisés toutes les semaines dans tous les quartiers de la ville ».

La volonté de créer de la mixité sociale se matérialise par des « manifestations sportives inter-quartiers », « le respect de la carte scolaire » ou « l’organisation d’événement culturels dans les quartiers ». Le festival de musique Convivència qui organise des concerts à Griffeuille ou Voies off qui y organisent des projections photos, actions déjà soutenues par la municipalité existante, sont-elles assurées du soutien de Carolis en cas de victoire ? De même, Patrick de Carolis souhaite « soutenir les ATP, le soutien scolaire ». En cas de victoire, va-t-il faire revenir les 70 000 euros de subvention du département supprimés par Martine Vassal (LR), qui est selon ses discours en meeting, son amie politique ? Pour l’instant, la mairie actuelle compense le manque de subventions pour maintenir à flot le soutien scolaire.

Autres idées en vrac : « l’instauration de budgets dédiés aux quartiers pour que leurs habitants choisissent librement les aménagements à réaliser » ou « organiser le retour du mediabus de la médiathèque d’Arles ». A Barriol, l’idée de la « réhabilitation d’un immeuble vide (ancienne école), pour de nouveaux locaux dédiés aux sports à la musique, à l’informatique », « construction d’un nouveau boulodrome », « réaménagement des abords du Pont Van Gogh ». A Griffeuille « réhabilitation des équipements sportifs », au Trébon « soutien à la création de commerces ». Là aussi, les idées sont connues, mais comment les financer ?

Concernant la sécurité, Patrick de Carolis souhaite mettre le paquet sur la vidéo pour assurer la sécurité (24 heures sur 24), il souhaite aussi mettre en place une « cellule de tranquillité publique pour lutter contre les incivilités du quotidien », « une brigade canine » et « armer et monter les effectifs de la police municipale à 60 ».

Chez Patrick, le rêve arrive par palettes. Et après 19 ans de gestion Schiavetti qui n’ont pas vu de grands changements dans les quartiers, c’est peut-être la meilleure façon de s’attirer les voix. Pourtant des investissements ont été réalisés dans les infrastructures comme la Plaine des sports à Barriol. La gauche plurielle a aussi créé la régie de quartier Regards en 2000 et soutient massivement l’outil d’insertion qui embauche un peu moins de 100 équivalents temps plein à l’année. Qu’importe, le dégagisme ambiant a la cote dans les quartiers prioritaires. « On va tester, mettre un grand coup dans la fourmilière. Si dans six ans il a fait de la merde, on le virera comme il est venu », pense un habitant d’un quartier.

A la terrasse d’un snack, un jeune ira voter pour de Carolis « parce qu’il nous a promis un parcours santé, la rénovation du stade et des balades à cheval ». Plus loin, un autre ira aussi voter de Carolis. Lui s’est fait promettre un emploi. Nous ne donnerons pas son nom ni le poste promis et qui il a rencontré. Parce qu’on espère que ce jeune sympa et motivé aura effectivement son emploi en cas d’élection. On ne veut pas qu’il se fasse taper sur les doigts parce qu’il a parlé à des journalistes de l’Arlésienne. Pour la première élection municipale où il peut voter, il ne savait peut-être pas pas que promettre des emplois pendant un temps électoral ça s’appelait du clientélisme, et que c’était précisément l’inverse de ce qu’écrit de Carolis dans sa profession de foi : « tournons enfin la page de 19 ans de clientélisme ». Attention tout de même, la poudre, avec le mistral, ça finit par piquer les yeux.

Eric Besatti

 

 

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