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« Il y a urgence pour le Réattu »

« Il y a urgence pour le Réattu »

Que va devenir le musée des beaux-arts d’Arles face à la proposition de la Fondation Luma. Un musée aux collections aussi riches que son histoire, mais un musée municipal qui doit donc faire avec les moyens dont dispose une structure municipale. Claudie Durand, l’adjointe à la culture de la ville d’Arles lance un appel. Pour elle, il est plus qu’urgent de s’occuper de l’avenir du Réattu.

Claudie Durand, assise à côté du maire a directement questionné sa gestion lors du conseil municipal du 22 juin. Sans que l’élue en soit informée, la Ville a refusé la subvention de 2 500 € demandée par Les amis du musée Réattu pour restaurer les Grisailles de Jacques Réattu. « Tout cela m’interroge sur les perspectives du Musée Réattu. J’espère que cela n’augure pas d’un avenir peu serein pour le musée », a-t-elle déclaré en séance publique.

On a un énorme complexe dédié à l’art contemporain qui est en train de se créer. Comment le musée Réattu pourra-t-il exister à côté ? Il semble que vous soyez inquiète.

Une inquiétude oui, parce que le musée Réattu, qui est un bijou à la fois patrimonial et en terme de collections qu’il abrite, est un musée municipal avec des moyens importants mais peut-être pas à ce jour à la hauteur des ambitions qu’il faudra avoir pour ce musée. Notamment face à ce qu’il se passe avec la Fondation Luma mais pas seulement. L’inquiétude que j’exprime c’est que je ne souhaite pas que ce musée devienne le parent pauvre des équipements culturels de la ville, sous prétexte que cet équipement est municipal et que la Ville n’a pas de marge importante en matière financière. Il faut pouvoir être à la hauteur de ce qui va être proposé dans les mois et les années à venir. Pour être à la hauteur, forcément, cela veut dire plus de moyens pour pouvoir proposer des expositions qui soient à la hauteur de ce qui est fait ailleurs en ville.

Plus de moyens ?

Alors ça ne veut pas que dire des moyens financiers de la ville, cela veut aussi dire des partenariats, des ponts avec d’autres structures qui viennent renforcer les propositions du musée.

Vous en avez déjà discuté avec la fondation Luma ?

On n’en est pas là. Je ne sais pas si le maire a discuté avec la Fondation Luma, en tout cas moi non.

C’est un appel que vous lancez aujourd’hui, pour que tout le monde se mette autour de la table ? On est à un an ou un peu plus de l’inauguration du projet de la Fondation Luma, c’est maintenant qu’il faut le faire ? Il y a urgence ?

C’est absolument ça. C’est le moment de réfléchir maintenant à ce que va devenir ce musée. On est même en retard.

Quelle est la place de la production culturelle publique ?

Si on n’a pas de propositions fortes à faire, les gens vont aller à Luma puis ils vont repartir. L’objectif c’est qu’ils restent, qu’ils se disent je vais aussi aller voir une pièce de théâtre, une expo. Et ça, ce sont des choses que le service public offre encore. Et on doit se battre pour que la ville ait encore de l’ambition.

Le service culturel a-t-il un rôle bien spécifique par rapport aux acteurs privés ?

On ne va pas se comparer financièrement, ce n’est pas celui qui va faire la plus belle expo, ça ne sert à rien et on n’aura pas la capacité. Je pense que le rôle de la ville est de fédérer les gens autour d’un projet commun, où tout le monde se retrouve, qui a du sens pour la ville et pour eux. Je monte notamment un projet de festival autour du livre avec tous les professionnels de la filière du territoire. Editeurs, distributeurs, auteurs, graphistes, traducteurs, conservateurs. Que ce soit Luma, Actes Sud, les Suds, les Rencontres, la quinzaine de petits éditeurs, tout le monde est relié au livre. L’idée, c’est que pendant quelques jours, tous les lieux de culture puissent avoir une programmation autour du livre dans une démarche commune.

Arles peut-elle accueillir et aider tous les acteurs culturels du monde ?

La philosophie, c’est que tout le monde ait sa place au soleil ici. En gros, pour les Rencontres de la photo, on va se plier en quatre pour que le festival se passe au mieux. Mais il faut aussi que l’artiste qui est seul, qui fait de la création, soit soutenu par la Ville. C’est ce grand écart-là qui est très difficile au vu notamment du budget. Toutes les semaines je reçois des artistes et des porteurs de projets culturels arlésiens, mais aussi du monde entier. De gens de Nîmes, de Malaisie, de Paris qui veulent venir ici parce que la ville jouit de cette réputation culturelle. Après il faut aussi leur expliquer que ça va être beaucoup de système D. Il y a des projets culturels qu’on peut soutenir avec des budgets contraints. A chaque fois, ce sera en dessous de 5 000 euros.

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l’Arlésienne n°18 – hiver 2024