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Mairie d’Arles : avec de Carolis, doublement de l’enveloppe de cabinet et explosion des frais de réception

Mairie d’Arles : avec de Carolis, doublement de l’enveloppe de cabinet et explosion des frais de réception

Avec l’arrivée du nouveau directeur, l’enveloppe du cabinet du maire Patrick de Carolis va s’élever à 286 358 euros, le double de l’ancienne mandature. Dans cette enveloppe, des « frais de représentation » de pour le nouveau directeur de cabinet du maire s’élèvent à 6 636 euros brut forfaitaire par an. C’est à dire sans contrôle ni justificatifs. En 2021, la ligne réception est passé de 50 000 à 170 000 euros. Une rupture par rapport à la précédente municipalité.

Au conseil municipal du 29 septembre 2021, la délibération n°37 (p.148) votait la création d’une indemnité pour frais de représentation au nouveau directeur de cabinet. Une enveloppe confortable de 6 636 euros brut à disposition en 2022. « Il est demandé de fixer le montant des frais de représentation à verser au collaborateur de cabinet exerçant les fonctions de Directeur de cabinet d’un montant de 6636 euros ».

Patrick de Carolis soigne mieux ses collaborateurs que son prédécesseur. Durant ses trois mandats, Hervé Schiavetti, n’avait pas mis en place d’indemnité forfaitaire pour les frais de représentation de son directeur de cabinet ou pour tout autre poste. « Parce que la ville était et est toujours très juste au niveau financier », affirme l’ancien édile communiste, joint pas téléphone. Pour ce dernier, 6 636 euros est une somme « énorme », d’autant plus qu’elle ne sera pas soumise à contrôle ou la production de pièces justificatives. L’ancien dircab payait pour ses repas pris à l’extérieur et pour ses déplacements de sa poche. Quant au maire, ses frais étaient compris dans le budget du protocole, ce qui est probablement toujours le cas. « Le contrôle était réalisé par le vote du budget et au compte administratif. Il y avait une séparation entre l’ordonnateur et le comptable », résume Hervé Schiavetti.

En séance au conseil municipal, Patrick de Carolis répondait aux critiques par d’autres chiffres. « L’enveloppe budgétaire pour les secrétaires des élus et le cabinet du maire était en 2019 d’1 230 320 euros, en 2022 l’enveloppe pour le même périmètre de la nouvelle mairie sera de 1 071 733 vous ferez la différence et vous verrez où sont les économies ». Effectivement, lors du précédent mandat, Hervé Schiavetti accordait à ses adjoints et ses opposants des secrétariats. « Nous on sait faire des économies », ponctuait le maire.

La nouvelle indemnité forfaitaire contraste avec le discours de Patrick de Carolis lors de la présentation du budget en début d’année, le premier construit par sa majorité. Face caméra, dans une vidéo de communication de la Ville, Patrick de Carolis annonçait une baisse des subventions aux associations et la rigueur budgétaire pour permettre des investissements : « contenir les dépenses […], en étant rigoureux dans la gestion des services municipaux, chaque euros dépensé devra être murement réfléchi et pesé ». Il fustigeait au passage « 20 ans de gestion communiste ».

Mais derrière l’image et le discours, le budget 2021 de la ville d’Arles discuté en mars affichait une hausse de la ligne « réception ». 50 000 à 170 000 euros, comme le soulignait Cyril Girard, conseiller municipal d’opposition en séance. La mairie justifiait alors dans les colonnes de La Provence de 96 000 euros engagés pour recevoir « la finale [du championnat de France] de beach volley dans les arènes ». La manifestation n’a finalement pas attiré foule aux arènes le week-end dernier. Pour la finale, dimanche après midi, alors que les organisateurs attendaient 6 000 personnes, nous avons comptabilisé environ 700 spectateurs à l’instant t des finales messieurs. Les organisateurs du Volley club arlésien ont, eux, comptabilisé « presque 2100 entrées » sur la journée du dimanche.

L’enveloppe du cabinet qui double

Retour dans les couloirs de la mairie. Les villes de la tranche démographique d’Arles (plus de 50 000 habitants) ont le droit de créer trois emplois de cabinet. Avec ce nouveau directeur de cabinet, l’enveloppe de la ville d’Arles va passer de 186 808 euros en 2021 à 286 358 euros en 2022, soit une augmentation de 53%. Pour l’exercice 2019, sous Schiavetti, elle était de 140 000 euros, soit deux fois moins que la version de Carolis. En moyenne, chacun des trois membres du cabinet du maire coûtera 7954 euros chaque mois aux contribuables à partir de 2022. De quoi peser sur le budget jusqu’à la fin du mandat.

Une armée à affréter

En dehors du cabinet, Patrick de Carolis ne mégote pas pour sa garde rapprochée. Frédéric Mison, ancien directeur de campagne puis de cabinet de Patrick de Carolis est touché par l’âge de la retraite. Qu’importe, il devient médiateur de la Ville d’Arles, poste créé sous cette mandature pour un mi-temps rémunéré autour de 1700 euros brut (délibération n°12 du conseil municipal du 25 septembre 2020, page 55). Dès le lendemain des élections l’ancien animateur télé créait un poste d’gent contractuel sous contrat de projet pour la « rédaction des discours du maire, les relations avec la presse, l’élaboration d’une proposition d’évolution du journal de la ville », payé 3 700 euros brut mensuel (délibération n°10 du conseil municipal du 30 juillet 2020, p.52). L’opposition s’interrogeait alors sur les missions de ce poste qui se recoupent avec celles du directeur de cabinet ou du directeur de la communication. Un ancien de la mairie s’amuse devant le faste du nouveau maire : « il fait du lard, il s’est construit une jolie structure digne d’une préfecture ».

David Cucurullo, le nouveau dircab

Pour remplacer Frédéric Mison, la mairie a recruté David Cucurullo tout droit arrivé du conseil départemental de l’Essonne où il était directeur de cabinet du président François Durrovray (LR). L’homme d’expériences a commencé sa carrière en tant qu’attaché parlementaire auprès du très droitier député azuréen Lionnel Luca (LR), puis a été directeur de cabinet des maires de Châteaudun (Eure-et-Loir), Colombes (Hauts-de-Seine), Oullins (métropole lyonnaise) et Montgeron (Essonne).

Le futur directeur de cabinet de Patrick de Carolis à la ville d’Arles, sera également directeur de cabinet au Parc naturel régional de Camargue ainsi qu’à la communauté d’agglomération ACCM, deux institutions dont de Carolis est président qui n’avait jusqu’alors, jamais eu de directeur de cabinet. « Parc, Ville, agglomération, le mec va pas s’emmerder. Non, c’est impossible », croit savoir l’expert qui a fréquenté les couloirs de l’hôtel de ville. « D’ailleurs Bertrand Sert, l’ancien directeur général des services recruté par Patrick de Carolis puis reparti aussi sec n’est même pas resté un an. Il avait en charge la ville et l’agglo, il est certainement parti parce que c’était trop », pense-t-il.

Alors pour convaincre les postulants au poste de directeur de cabinet de Patrick de Carolis, les 6 636 euros de frais de représentation c’est pas du luxe ? Ce montant est-il le fruit d’une bonne négociation salariale du nouvel arrivé ? La délibération devrait faire débat au prochain conseil.

Eric Besatti

 

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