Koukas-Schiavetti, tuer le père ?
« Tu quoque mi fili », la légende dit que ce sont les derniers mots de César après le coup de poignard de Brutus. « Toi aussi, mon fils ». Mais la légende dit aussi qu’il y a plus de chance que César ait dit « Καì σù τέκνον ». C’est la même chose mais en grec. Peut-être que Nicolas Koukas appréciera le trait d’esprit. Quant à la suite, on ne sait pas.
Sur la place de l’hôtel de ville d’Arles, on est passé de La gloire de mon père, jolie histoire provençale, à la tragédie antique. Ou peut-être à la dernière saison de Games of Thrones. On ne sait plus. Pour aborder cette série qui nous mènera jusqu’au premier tour des élections municipales de 2020, il fallait commencer par le début. Par la fin. La fin d’un règne et la passation de flambeau qu’il y a quelques années encore, on aurait imaginées beaucoup plus simple, plus naturelle, quasi une transmission père-fils. Mais quelque chose s’est gâté au cours du troisième mandat d’Hervé Schiavetti. Entre le maire et son dauphin, les relations se sont tendues. Hervé Schiavetti est devenu un caillou dans la chaussure de Nicolas Koukas.
La vie est un long fleuve tranquille
Rambo-binons. Hervé Schiavetti est élu maire d’Arles en 2001. 19 ans de mandat. Seul Charles Privat, après guerre, avait fait mieux avec 24 ans à la tête de la mairie. Un record qu’Hervé Schiavetti pourrait battre avec un quatrième mandat. Mais ce n’est pas d’actualité. Même s’il faut se méfier de »l’animal politique ». Ce terme revient souvent quand on interroge les proches ou les opposants du maire. « Je pense qu’il faut laisser Hervé Schiavetti dans l’équation. Cela fait 20 ans que je l’observe, analyse l’opposant de droite Cyril Juglaret, l’animal politique est incapable de prendre sa retraite. Il n’a que 62 ans.»
« C’est mon dernier mandat. » Sa despedida. Juste après son élection en 2014, Hervé Schiavetti avait surpris tout le monde. Il avait fait cette déclaration à la Provence. Sans prévenir personne. Tout seul. Même sa femme à l’époque, Rolande Gontier, également sa conseillère politique, sa directrice de campagne et secrétaire fédérale du parti communiste, avait découvert cette sortie dans le journal.
Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le parcours du maire d’Arles. Après une licence de sociologie et quelques années d’agent territorial, Hervé Schiavetti prépare sa vie politique sous la houlette du Parti communiste français où sa compagne a la voix qui porte. Est-il utile de rappeler que ce qu’il y avait de plus communiste chez le jeune Hervé, c’était Rolande ? « Son appartenance au PCF, c’est quasi de la façade, Hervé pourrait très bien être socialiste s’il ne craignait pas de décevoir Rolande », disait Martial Roche, alors premier adjoint en 2006 dans l’Express. La première fois qu’Hervé Schiavetti a été élu par des Arlésiens, c’était lors des municipales en 1989. La liste de Jacques Perrot (PCF) perd, mais elle lui permet de s’asseoir à la table du conseil municipal. A 33 ans. Ensuite, et en même temps, il devient conseiller régional d’opposition apprécié par le président Jean-Claude Gaudin (1992-1998) et vice-président du département (1997-2015). De l’avis de beaucoup, son premier mandat à la tête d’Arles en 2001 est une réussite, marqué notamment par la gestion des inondations de 2003. Il a été réélu à plus de 57 % des voix au premier tour en 2008. « Il a fait deux premiers mandats exceptionnels », lâche, enthousiaste, un proche à la terrasse d’un café.
Tel père tel fils
« Je ne renie pas l’engagement que j’ai pu avoir sur les deux premiers mandats. Qui ont été de très bons mandats, rappelle aujourd’hui Nicolas Koukas. Je dis qu’à partir du troisième, il y a des désaccords, notamment dans la façon de faire de la politique. Il ne me ressemble pas. » Pourtant il y a des similitudes. Nicolas Koukas a pris sa carte au PCF « tard ». Il le dit en rigolant. « A 26 ans. » Ce qui correspond à la période où il est élu sur la liste d’Hervé Schiavetti et nommé adjoint en 2001. Nicolas Koukas s’assoie à la table du conseil municipal. Son père, Zani Koukas, est, lui, chef de cabinet auprès du maire. « C’était un jeune », glisse un militant rouge de la place Voltaire. « Je ne me souviens même plus de Nicolas Koukas au premier mandat », lâche de son côté la patronne socialiste Nora Mebarek. Comme Hervé Schiavetti, Nicolas Koukas a commencé sa vie professionnelle dans la fonction publique. Mieux, comme Hervé Schiavetti, il s’est servi du canton de Claude Vulpian, à Saint-Martin-de-Crau, pour faire ses classes.
Pendant que certains dansaient le mia au début des années 80, Hervé Schiavetti, lui, se présentait deux fois aux élections cantonales face à Claude Vulpian, le seigneur socialiste de la Crau, l’homme aux onze victoires électorales consécutives. Un ancien du PCF d’Arles raconte : « Ce n’était pas pour gagner. C’était pour mettre son nom sur une affiche, se faire connaître. » Une vieille recette sans risque des communistes arlésiens remise au goût du jour avec Nicolas Koukas en 2008. Cette année-là, le fils du chef de cabinet se présente face à Claude Vulpian. « Il était toujours passé au premier tour », se souvient Nicolas Koukas avec la fierté d’avoir forcé le ténor socialiste à passer par un second tour. Comme si l’emblématique maire de Saint-Martin-de-Crau n’avait jamais tremblé auparavant. « Ça traverse tous les partis politiques. Quand tu vois David Gryzb à la cantonale en 2011. Il a suivi les pas de Michel Vauzelle aussi. On reproduit un peu les pratiques qui ont toujours été là. »
« Pour moi être partout, c’est être nulle part »
« Nicolas avait une admiration sans borne pour Hervé », rappelle un proche du maire et de l’élu de Trinquetaille. « Une admiration sans borne, ce serait un peu exagéré. Je pense que j’avais une relation qui devait être un peu paternelle, répond Nicolas Koukas. Quand quelqu’un te met le pied à l’étrier, il y a du respect. A un moment donné, la relation paternelle, elle peut avoir parfois quelques césures. Aujourd’hui, peut-être c’en est une.»
Les militants de la place Voltaire, là où se trouve le local du PCF d’Arles, s’interrogent. Ils veulent des explications. Quel communiste soutenir ? « Hervé joue à un jeu dangereux, s’énerve un militant communiste de la première heure. Il dit qu’il veut être sur la liste de Nicolas Koukas, mais ça c’est réglé », tranche une militante. Et effectivement, c’est réglé dans la tête de Nicolas Koukas.
« Non il ne sera pas dans ma liste. La période 2014/2020 a révélé des points de divergence profonds. Comme le débat sur la consultation citoyenne sur la métropole ou sur la question des gilets jaunes. Et puis des divergences sur des valeurs humaines et démocratiques. Sur la manière d’exercer la fonction. Pour moi être partout, c’est être nulle part. »
Ils ne se parlent plus
Dans les couloirs de la mairie et ailleurs, Nicolas Koukas et le maire ne se parlent quasiment plus. Seulement pour le nécessaire. « La machine entre Hervé et Nicolas s’est grippée très progressivement », raconte une proche collaboratrice. « Je dirais que c’est au moment des départementales », précise l’adjoint de Trinquetaille. En 2015, Nicolas Koukas succède à Hervé Schiavetti au département lors d’un duel avec le Front national. « Il nous a scotchés pour sa campagne, se rappelle un militant. C’est à ce moment-là que tout le monde sait que ce sera Koukas aux prochaines municipales. Et c’est à partir de là que les relations se sont détériorées ».
Une analyse partagée par Nicolas Koukas : « c’était peut-être, pour Hervé, le sentiment qu’une page venait de se tourner définitivement. Et que mon élection au conseil départemental pourrait avoir d’autres résonances. » Avec un mandat supplémentaire, Nicolas Koukas a pris du poids dans l’appareil politique communiste national. En écho avec l’apparition d’une nouvelle génération. Nicolas Koukas connaît Ian Brossat, élu PCF à la ville de Paris et surtout tête de liste du parti pour les européennes. Une figure qui compte et qui monte. Hervé Schiavetti s’est-il senti déclassé au sein de son parti ? Blessé dans son orgueil ?
« Quand je parle avec les élus, ce n’est pas facile pour Nicolas Koukas », décrit un ancien collaborateur municipal qui raconte que le maire glisse « des peaux de bananes depuis trois ans » à son adjoint. Depuis 2015, il y a eu de nombreux désaccords entre Nicolas Koukas et Hervé Schiavetti. Mais la première fois que cela a eu un retentissement public, c’était lors d’un conseil municipal en novembre dernier. Assis à la droite du maire, Nicolas Koukas prend la parole avec une voix délibérément triste. « Mesdames et messieurs, vous comprendrez aisément la douleur que je ressens à faire cette intervention », dit l’adjoint à la démocratie participative. Il n’accepte pas le camouflet du maire qui avait annulé la consultation prévue sur la future métropole marseillaise et sur l’intégration d’Arles. Un projet notamment porté par Nicolas Koukas et les élus socialistes. Un revirement du maire comme pour marquer son territoire. En mode : c’est qui le patron ? Ou une décision par ambition personnelle, histoire de se laisser une porte de sortie politique vers la métropole et soigner ses relations avec Martine Vassal, la présidente LR du département ? L’avenir le dira sans doute.
Quelque chose a vrillé
C’est aussi en conseil municipal, plus récemment, en février, que Nora Mebarek, la chef de file des socialistes arlésiens et du département, a lancé un appel à la raison adressé au maire : « Retrouver le bon sens et la cohérence qui font tant défaut à votre dernier mandat. Car oui, en respect pour les longues années d’engagement que vous avez passionnément mises au service de votre ville, nous souhaitons que les Arlésiens retrouvent, pour la dernière année du mandat, le maire qu’ils ont un jour connu et qu’ils ont tant aimé.» Un bon nombre de témoins font la même observation. Hervé Schiavetti aurait changé entre 2014 et 2015. Il n’incarnerait plus la fonction de la même manière qu’au début de son mandat où chacun s’accordait à décrire un maire sympa, proche de ses administrés. Hervé Schiavetti, le recordman du serrage de pinces sur le marché. Il y aurait, comme Nora Mebarek le dit, un Hervé Schiavetti d’avant et un Hervé Schiavetti de maintenant. Et pas qu’avec Nicolas Koukas. Les épisodes sur des scènes de rendez-vous houleux dans son bureau s’enchaînent. L’un avec un élu qui a fini tête contre tête, pas loin de l’intimidation physique. L’autre avec un commerçant. Une autre fois avec un responsable associatif ou un entrepreneur. Encore récemment, « pour le char des gilets jaunes, quand il les a reçus, ça s’est très mal passé, regrette un agent de la mairie. Il humilie les gens en tête-à-tête. » Un proche du maire ajoute : « Ça a toujours été quelqu’un de calme. Il intériorisait, contrairement à maintenant. » Même Nicolas Koukas reconnaît, qu’en 2014, il y a eu un changement de comportement chez Hervé Schiavetti. Mais y a-t-il eu un élément déclencheur ?
« C’est le deuxième mandat, tente de comprendre Nicolas Koukas. Il y avait beaucoup de pression. Il y a eu la disparition d’amis proches qui avaient de l’influence. » L’adjoint rapporte l’importance à l’époque de Philippe Pouliquen, directeur général adjoint des services de la mairie d’Arles, décédé à l’âge de 49 ans le 1er mai 2011. De Patrick Hautebout, disparu mystérieusement sans laisser de trace en janvier 2012. Et de Patrick Pouchoulou, le directeur de la voirie de la ville, très actif dans la gestion des inondations en 2003 et décédé en 2013 à 60 ans. Des appuis sur lesquels il ne peut plus compter. Comme sa secrétaire personnelle Béatrice Réglier, qui a pris sa retraite en 2014. Son rôle de coordinatrice et d’arrondisseuse d’angles est souvent évoqué. Sa femme, Rolande Gontier, servait aussi de courroie de transmission entre les élus de la majorité et le maire. Son bureau était appelé « le confessionnal ». Et le couple à la ville comme en politique depuis des décennies s’est aussi séparé lors du troisième mandat. Une multitude de facteurs, d’accidents de vie et autant de garde-fous qui tombent. « Il avait des personnes très proches autour de lui qui, aujourd’hui, ne sont plus là. Elles jouaient peut-être ce rôle-là », concède Nicolas Koukas.
Et puis il y a cet évènement que certains, comme Nicolas Koukas, refusent d’évoquer, par pudeur. D’autres, l’estiment essentiel dans la fin de parcours du maire. Un jour de 2013, place du Forum, Hervé Schiavetti est tombé chez Pierrot. Un accident cardiaque. Depuis, il a arrêté de fumer. « Il a complètement changé. Ce n’est plus le même homme que j’ai connu. Cela n’a plus rien à voir », ressent un proche qui croit savoir que le maire s’est affranchi de certaines conventions dans les relations humaines après avoir croisé la grande faucheuse.
« Il tire toujours les ficelles »
« Avant, il faisait du théâtre. Là, ça l’a gonflé », claque Cyril Juglaret, l’opposant municipal LR qui est, depuis quelques mois, un peu plus au contact du maire puisqu’il joue régulièrement le rôle d’intermédiaire pour la Région où il est élu dans la majorité. « Depuis 2001, qu’est-ce qui a changé ? Il a toujours gouverné très seul, très autoritaire », tempère l’élu de droite. « Avant il enrobait plus, là il enrobe moins. C’est le vernis pour moi qui a craqué. Il a moins de filtres. Il fait le fait du prince sans se prendre la tête. Le fond, c’est le même. »
Vous comprendrez, à ce stade de l’histoire, que chacun des acteurs, ici, a un bifteck à défendre ou à conquérir. Hervé Schiavetti aussi, forcément. « Il tire toujours les ficelles, tout est calculé », poursuit l’opposant qui se confie sur une discussion récente avec le maire. Lors d’un rendez-vous, de but en blanc, sans raison, avant même de dire bonjour, le maire lui aurait dit : « C’est réglé, Hamina est sur la liste de Gryzb. » Cyril Juglaret, candidat au trône, ne comprend pas cette annonce mais propose une analyse. « Pourquoi il me dit ça ? En faisant sortir l’info Hamina Afkir sur la liste de Gryzb, il est en train de régler ses comptes. C’est un message à Rolande du genre « Nicolas, je vais le torpiller » ! » Parce qu’il y a ça, aussi, dans cet ensemble de facteurs que nous tentons de mettre en perspective. Et on doit bien vous l’avouer, on ne savait pas trop comment le manipuler. Mais comment parler de la fin de règne d’Hervé Schiavetti sans parler de sa vie privée ? Factuellement, elle vient s’immiscer dans l’histoire. Et ce depuis le début.
#MomentDallas.
Rolande Gontier est l’ex-épouse d’Hervé Schiavetti. Il l’a quittée en 2017 pour Hamina Afkir, une de ses adjointes dans la majorité. Aujourd’hui, cette dernière est quasi confirmée sur la liste de David Gryzb. De l’autre côté, Rolande Gontier et ses camarades communistes sont prêts à accompagner Nicolas Koukas dans sa campagne s’il le souhaite. Hamina Afkir, elle, n’a pas renouvelé son adhésion au parti communiste en 2019. Hervé Schiavetti, lui, a toujours sa carte et soutient publiquement Nicolas Koukas quand sa compagne est sur la liste du concurrent David Gryzb. Et les deux hommes feront peut-être liste commune au second tour. Pas facile de suivre. « David vient de recevoir le baiser de la mort », lance Cyril Juglaret. Quant à David Gryzb, l’ex-patron socialiste, premier à s’être lancé dans la campagne, il s’insurge à raison si l’on évoque « la compagne de » pour parler d’Hamina Afkir. « Moi, je ne vois pas la compagne d’Hervé Schiavetti, je vois une adjointe et ses compétences. » Pour Cyril Juglaret, « Hervé Schiavetti fait monter les enchères ». #FinduMomentDallas
Rolande Gontier est l’ex-épouse d’Hervé Schiavetti. Il l’a quittée en 2017 pour Hamina Afkir, une de ses adjointes dans la majorité. Aujourd’hui, cette dernière est quasi confirmée sur la liste de David Gryzb. De l’autre côté, Rolande Gontier et ses camarades communistes sont prêts à accompagner Nicolas Koukas dans sa campagne s’il le souhaite. Hamina Afkir, elle, n’a pas renouvelé son adhésion au parti communiste en 2019. Hervé Schiavetti, lui, a toujours sa carte et soutient publiquement Nicolas Koukas quand sa compagne est sur la liste du concurrent David Gryzb. Et les deux hommes feront peut-être liste commune au second tour. Pas facile de suivre. « David vient de recevoir le baiser de la mort », lance Cyril Juglaret. Quant à David Gryzb, l’ex-patron socialiste, premier à s’être lancé dans la campagne, il s’insurge à raison si l’on évoque « la compagne de » pour parler d’Hamina Afkir. « Moi, je ne vois pas la compagne d’Hervé Schiavetti, je vois une adjointe et ses compétences. » Pour Cyril Juglaret, « Hervé Schiavetti fait monter les enchères ». #FinduMomentDallas
Partie de poker ?
Que peut désormais espérer Schiavetti ? « Hervé aurait dû avoir un mandat national. Certains en veulent au parti communiste de ne pas l’avoir mis en position éligible en 2008 aux sénatoriales. C’est une frustration pour lui », relève un proche. Nora Mebarek rapporte, elle aussi, une conversation qu’elle aurait eue avec le maire : « Il m’a dit »je serai sur une liste, je serai sénateur ». Sauf que c’est l’ancien logiciel ça. Aujourd’hui, il ne faut plus être sur une liste pour être sénateur. » Et puis sous quelle étiquette ? Hervé Schiavetti s’est proposé au PCF pour être sur la liste des élections européennes, mais n’a pas été retenu sur celle conduite par Ian Brossat. Souvenez-vous. Hervé Schiavetti serait-il devenu has-been au PCF ? « Le sujet qui l’intéresse profondément c’est Marseille », rétorque Nicolas Koukas quand on lui pose la question de l’avenir politique de son ex-maître Jedi. Hervé Schiavetti ménage d’ailleurs la chèvre et le chou depuis le début concernant sa position à propos de la future métropole marseillaise. « Il y a un an, le maire me parlait de la métropole et me disait qu’il serait sur une liste aux municipales pour être élu à la métropole, rapporte Cyril Juglaret. Sa seule solution, c’est d’être bien placé dans les cinq premiers sur une liste municipale. »
Le baiser de la mort
« Avoir Hervé Schiavetti sur sa liste, c’est un handicap, coupe une proche de Nicolas Koukas. C’est aussi un handicap pour Nicolas Koukas si Hervé Schiavetti dit qu’il soutient Koukas ». Hervé Schiavetti avancerait-il ses pions dans une partie d’échec à couteaux tirés ? La socialiste Nora Mebarek est inquiète pour la campagne à venir « Hervé va être d’une virulence… Je ne sais pas si Nicolas est prêt. » Nicolas Koukas n’a pas la réputation d’un bagarreur. « Il est costaud mais ce n’est pas Schiavetti, ni Vauzelle. C’est quelqu’un qui n’aime pas l’affrontement. C’est un affectif, il faut qu’il s’affirme plus », souffle une militante du PCF. Si Koukas avait été un joueur de l’équipe de France 98, Aymé Jacquet lui aurait soufflé dans les bronches : « Muscle ton jeu Nico ! » Une autre militante ajoute : « Nicolas Koukas ne va pas tuer Schiavetti. Il ne va pas tirer sur l’ambulance. » Un proche de Nicolas Koukas conclut dans un trait d’humour teinté de regret face à ce qu’il croit être un manque de poigne : « Si Nicolas c’est Brutus, le problème, c’est que Brutus n’a pas tué César avec un pistolet à eau.» Pour l’heure Nicolas Koukas reste dans son agenda, il annoncera officiellement sa candidature en juin. « Souvent, on dit que je ne suis pas méchant, mais je n’aimerais pas être quelqu’un de méchant, répond-t-il face au procès en faiblesse. Je veux surtout être respecté. Je n’ai pas envie de tuer. »
Paul Ferrier avec Eric Besatti
Les réponses d’Hervé Schiavetti
A peu près tout le monde a accepté de parler. A peu près tout le monde de manière anonyme… Sauf les personnes citées. On s’est téléphoné, on s’est rencontré. Le maire a préféré qu’on écrive les questions. Nous, on aurait aimé lui parler, le relancer. On n’a pas l’habitude, c’est un peu suranné. Il a dit non. Alors on a écrit des questions courtes en espérant des réponses courtes. Il a relu ses réponses courtes et nous les a envoyées.
Selon vous, que devrait-on retenir de vos 19 ans à la tête d’Arles ?
Arles a changé, s’est transformée, s’est redressée après une vague forte de désindustrialisation. Je suis fier de la manière dont nous avons su nous relever des inondations de 2003. Il faut se souvenir que nous avions 6 000 foyers sinistrés. Sur un autre plan, une part importante et souvent méconnue de mon travail de maire a été d’établir un budget maîtrisé que nous avons contractualisé avec l’Etat. Autre motif de satisfaction : le chômage baisse de façon constante depuis plus de deux ans. Nous avons retrouvé un taux identique à celui d’avant la crise financière. A partir de nos atouts, nous avons développé une nouvelle économie locale autour de la culture, du patrimoine et de l’environnement.
Estimez-vous qu’il y a eu un Hervé Schiavetti d’avant et un Hervé Schiavetti de maintenant ? Avez-vous l’impression d’avoir changé de comportement durant ce troisième mandat ? Certains le disent.
Je suis le même militant politique et je suis aussi le même homme. Je crois être disponible. Je reçois 2 000 personnes par an. Etre maire, c’est aussi avoir une fonction pédagogique. Mon rôle est de faire partager des convictions et des projets.
En décembre dernier, vous souhaitiez être sur la liste de Nicolas Koukas pour les élections municipales 2020. Est-ce toujours le cas ?
Si Nicolas Koukas a besoin de moi, je suis prêt mais je ne veux pas être un frein. C’est sa liste.
Pourquoi ne vous parlez-vous plus ?
Nous avons les meilleures relations du monde.
Si Nicolas Koukas vous refuse une place dans sa liste, irez-vous sur la liste d’un autre candidat ?
Non bien sûr ! Le meilleur candidat est celui de ma formation politique : Nicolas Koukas. Son élection comme conseiller départemental de Camargue a démontré ses capacités. Il défend ses idées avec intelligence et brio.
Etes-vous PCF dans l’âme ?
Oui et je me sens profondément marxiste, contre l’exploitation de l’homme mais je crois aussi à la création de valeurs par les entreprises, à la complémentarité d’un secteur privé et d’un secteur public.
La vie privée peut-elle avoir une influence sur la vie publique ?
Je ne répondrai pas à cette question qui relève de la sphère privée. Nous sommes des êtres sensibles mais je crois à la noblesse de la politique, à la confrontation des idées dans le cadre démocratique et républicain.
Pourquoi ne pas vous représenter à ces municipales ?
En politique, soit on laisse le temps décider, soit on choisit soi-même de mettre fin à une responsabilité politique. J’ai décidé de transmettre la charge de maire à une nouvelle génération d’élus.
Comment souhaiteriez-vous continuer votre carrière ? Sénateur ? Si oui avec quelle étiquette ? Être élu à la nouvelle métropole marseillaise en construction ? Autre ?
Comme je l’ai déjà dit, je suis à la disposition de ma formation politique. Je me présenterai là où le PCF le décidera.
Pensez-vous avoir toujours du poids au sein du PCF ?
Oui, je suis toujours membre du Bureau national des élus communistes et républicains comme de la direction de la Fédération départementale et disponible pour d’autres responsabilités.
Le parti communiste vous a-t-il refusé une place sur une liste européenne ?
Les décisions sont collectives chez nous. Le collectif a constitué une liste en fonction de plusieurs paramètres.
En voulez-vous au parti communiste de ne pas avoir eu de destin national ?
Etre maire d’Arles, c’est avoir un destin national et méditerranéen !
Pourquoi ne pas répondre à ces questions oralement ?
C’est logique de répondre par écrit à la presse écrite… L’écrit permet d’avoir le temps de la réflexion.
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